Depuis quelques jours, une dizaine de jeunes résidents en Seine-Saint-Denis et à Paris sont initiés à la sylviculture. De la plantation jusqu'au moment de l'exploitation du bois, les élèves écoutent, observent et commencent à s'exercer en pratiquant les savoir-faire. En 4ème agricole générale au Bac Pro, ils suivent les enseignements pratiques en immersion totale dans la ville essonnienne, une semaine par mois.
"Ici, on s'adapte aux élèves et à leurs besoins"
Les élèves de Saltus Campus explorent la plaine et les bois de Courances pour les travaux pratiques. Ils sont accompagnés par une équipe de professionnels, dont Olivier Jacqmin, responsable des chantiers pédagogiques du lycée et coordinateur du plateau technique et expérimental du domaine.
"Je les accompagne aussi dans d'autres fermes alentours et les soutiens dans leur formation, explique-t-il. Ici on s'adapte aux élèves, à leur parcours scolaire, leurs besoins psychologiques."
Dans les bois de Courances, même si la plupart ne se destine pas à une carrière forestière, l'objectif est de leur faire prendre conscience que les métiers de l’agrosylvopastoralisme (une méthode d'agriculture qui concilie les arbres, la production végétale et la production animale), sont dépendants les uns des autres. Plus largement les questions écologiques sont abordées de manière à réconcilier les enjeux de production agricole et de protection de l'environnement.
L'agro-écologie, l'avenir de l'agriculture
"Ce lycée est né d’un constat à la fin du confinement, expose Valentine de Ganay, l'une des propriétaires du domaine et cofondatrice du lycée. Il y a peu de lycées agricoles en France et aucun ne correspond vraiment à cette agriculture émergente, capable de produire dans le respect du vivant. Les agriculteurs qui s’installent ou se convertissent à l’agro-écologie ont beaucoup de mal à recruter car les élèves ne sont pas suffisamment formés. Et l’angle mort de tout cela, ce sont les jeunes censés préparer le monde de demain", déclare-t-elle.
Avec ses deux complices, Marianne Cerf (ingénieure agronome) et Agnès Sourisseau (paysagiste agricultrice et cofondatrice et directrice d'Agrof’île), elle se lance dans la création de ce lycée atypique. "Nous nous sommes entourées de personnes très savantes et passionnées, à l'écoute des autres pour contribuer à la réussite de tout cela. L'agroécologie, c’est aussi à l’intérieur de notre établissement. On construit ce nouveau programme d’enseignement par la pratique et le plus souvent possible en situation de travail avec des professionnels."
Un lycée pas comme les autres
Les formations proposées actuellement sont : 4ème et 3ème agricoles, un CAP Métiers de l’agriculture option 'grandes cultures', un Bac Pro Gestion des Milieux Naturels et de la Faune (GMNF) un Bac pro Conduite et Gestion de l’Entreprise Agricole (CGEA). "Ce lycée, le premier dans son genre, ne peut être qu’attractif et devrait accueillir à terme 120 élèves de différents niveaux scolaires à partir de la 4ème", prédit Olivier Jacqmin.
Sarah, élève de seconde, prépare un baccalauréat professionnel CGEA. Elle voudrait devenir éleveuse de poules et de chiens. C'est en cherchant par ses propres moyens sur internet qu'elle trouve la formation. "Cela a été dur de trouver un lycée agricole près de chez moi. J'habite à Paris, dans le 18ème arrondissement. Les filières agricoles sont rares."
Très vite, la jeune fille s'y est sentie écoutée et bien entourée. "On n'est pas beaucoup par classe, c'est plus facile d'apprendre à notre rythme. L'enseignant s'adapte à nos parcours."
Lorsqu'on lui demande un conseil pour les futurs élèves qui hésiteraient encore à s'inscrire pour les années scolaires à venir, Sarah confirme : "Il ne faut pas hésiter et percevoir que l'apprentissage de l'agroécologie permet de s'ouvrir sur le monde d'aujourd'hui et de demain!".
