Histoire

La tête dans les étoiles

Publiée le : , dernière mise à jour : 03.05.2017

Combien de fois êtes-vous passé devant sans y prêter attention ? Le long de la nationale 7, à Juvisy, l’observatoire Camille Flammarion a pourtant connu son heure de gloire. C’était il y a un peu plus de 100 ans, lorsqu’il se dressait au milieu des champs. 

En 1882, Camille Flammarion a 40 ans. Il baigne dans l’astronomie depuis une vingtaine d’année et s’est fait connaitre par ses nombreux articles et ouvrages de vulgarisation (L’astronomie populaire en 1881 notamment). Louis Eugène Méret, un riche négociant bordelais passionné par ses travaux décide alors de lui donner sa demeure de Juvisy afin d’en faire un observatoire. "Les troupes prussiennes l’avaient occupée en 1870 et saccagé sa roseraie. Il ne souhaitait plus s’y rendre", explique Pascal Giraudel, président de l’association Les amis de Camille Flammarion. L’astronome met alors le fruit de ses écrits au profit de la rénovation des locaux mais aussi de la construction de la coupole et de la lunette d’observation.


Un observatoire renommé

Cinq ans plus tard, l’observatoire est inauguré en présence de l’empereur du Brésil, Dom Pedro II. Dès lors, place à la recherche. Flammarion y découvre des comètes et fait venir des pointures de l’astronomie mondiale comme Percival Lowell, le précurseur de la découverte de Pluton. En 1893, alors que la communauté scientifique se passionne pour Mars et ses canaux, il s’adjoint les services d’un jeune astronome (Eugène Antoniadi ) très doué pour l’observation et pointe sa lunette sur la planète rouge. "Il en a tiré un célèbre livre sur les conditions d’habitabilité de Mars".

Après sa disparition en 1925 et sous l’impulsion de sa veuve Gabrielle, les observations se poursuivent. La lunette est adaptée à la photographie mais la qualité du ciel francilien se dégradant, tout s’arrête dans les années 60. Peu à peu, les lieux sont délaissés.


Un monument historique

En 2004, des Juvisiens interloqués par le délabrement de l’observatoire fondent l’association Les amis de Camille Flammarion. "Nous voulions interpeller le public sur l’état de ce patrimoine et avons lancé une pétition qui a recueilli plus de 5000 signatures", explique Pascal Giraudel. Des travaux sont alors lancés entre 2007 et 2011 sur une partie du site et la coupole, avec notamment le soutien du Conseil départemental. Le bâtiment, la lunette, le parc et les 10 000 livres de la bibliothèque de Camille Flammarion - dont un certain nombre d’ouvrages précieux - sont même classés au Monuments historiques.

Aujourd’hui Les amis de Camille Flammarion rassemblent plus de 200 adhérents. L’association parcoure les écoles et les salons avec son planétarium mobile pour faire découvrir l’astronomie au plus grand nombre. Ces passionnés de sciences et de patrimoine font également vivre le site par des visites commentées (sur réservation) et des conférences grand public chaque mois. "Nous avons déjà accueillis des pointures comme André Brahic ou Roland Lehoucq et nous nous rapprochons à présent de l’université d’Evry pour que des doctorants puissent ouvrir les conférences".

Potentiel culturel

Mais au-delà de ces interventions, Pascal Giraudel et son équipe espèrent voir un jour une restauration complète du site. Ils travaillent d’ailleurs avec la mairie de Juvisy pour obtenir des subventions de Bruxelles. "Il y a un potentiel culturel incroyable ici. Un musée et un espace de recherche pourraient être créés". Seul hic, il faut réunir environ 6 millions d’euros pour y parvenir. À bon entendeur…