Aujourd’hui c’est vernissage à la Maison du Coudray. Une quarantaine de personnes (associations, soignants, journalistes, scolaires…) viennent voir l’exposition réalisée par les résidents dans le cadre de l’opération "Le Fonds départemental d’action culturelle (Fdac) s’expose en Essonne". Ghilsain accueille le public. "Vous avez trouvé facilement ? C’est moi qui ait installé les flèches", dit-il avec fierté. Bientôt le hall d’entrée se remplit. Le public est prêt à assister à la médiation culturelle organisée par les patients autour d’une photo de Beat Streuli, un artiste suisse travaillant sur l’image.
À chacun sa vision de la femme
Vianey prend la parole. Ancien peintre, tout ce qui touche à l’image l’intéresse. Il n’hésite pas à présenter le cliché. "C’est une femme voilée photographiée à son insu dans une foule". Dans un jeu de question réponse avec Angelita, une autre résidente, il la décrit, l’analyse.
L’œuvre prêtée par le Fdac a inspiré les résidents. Ils ont décidé de présenter des photos et des textes personnels sur le thème de la femme. Angelita rend hommage à sa mère, "une femme forte !". Elle l’exprimera d’ailleurs en chanson après la médiation. Julien, lui, dresse son portrait de la femme idéale : le visage de Shakira, le buste de Lorie, les jambes d’Adriana Karembeu.
Une plus grande joie de vivre
"Ils travaillent à ce projet depuis octobre", explique Florence, l’infirmière psychiatrique et "couteau suisse de la Maison" comme elle aime le dire. "Il ne reste que quatre volontaires sur l’équipe initiale. Mais c’est très positif car ce sont les résidents habituellement les moins actifs qui ont participé à l’exercice".
Alexandre, l’apprenti éducateur confirme. Il constate que le contact est plus facile, tant entre résidents et personnels soignants qu’avec l’extérieur. "Ils ont pu se confier à travers ce projet et ils affichent une plus grande joie de vivre".
Les participants ont pu compter sur l’expérience des équipes du Fdac pour mener leur animation à bien."Notre rôle est de rendre la culture accessible aux publics qui n’y sont pas familiers, notamment dans les collèges, les prisons, ou les structures comme la Maison du Coudray", lancent Nelly Fin et Anne Flamant, agents du département. "Bien souvent les œuvres font remonter chez eux des souvenirs puissants. Leur regard sur les œuvres est particulièrement riche".
Rompre l’isolement des résidents
A la fin du vernissage, Arnaud Grand est satisfait. "Tu as assuré Julien ! Tu seras dans le Parisien demain !". Le directeur de la Maison du Coudray met un point d’honneur à valoriser ses résidents par des évènements novateurs. "Il s’agit de leur redonner une place en tant qu’être humain, de les sortir de leur isolement".
Pour cela, Arnaud Grand multiplie les rencontres avec les autres structures de son réseau, propose de nombreux projets à ses pensionnaires. Rien n’est imposé. Ils décident ou non de se lancer, voire de renouveler. Il semble d’ailleurs que ce soit le cas du vernissage d’aujourd’hui : "Cette journée m’a vraiment plu. Voir du monde, regarder les œuvres. J’espère qu’on pourra recommencer l’année prochaine", confie Ghislain.
