Agriculture

Rencontre avec Nicolas Galpin, agriculteur et apiculteur

Publiée le : , dernière mise à jour : 02.08.2023

Nicolas Galpin, 46 ans, est agriculteur à Auvernaux et apiculteur depuis 2014. Il est même président de la commission apicole de la FDSEA*. Entretien.

Comment êtes-vous devenu apiculteur ?

L’agriculture m’a poussé vers l’apiculteur. À partir de 2008, j’ai fait tourner les cultures sur mes parcelles, peu travaillé le sol et laissé un couvert végétal quasi-permanent. Les plantes, fleurissant, ont offert des ressources aux pollinisateurs. Les apiculteurs avoisinants étaient ravis. J’ai échangé avec eux. Puis l’un d’eux est venu installer des ruches sur mon exploitation, en 2014. C’est là que tout a commencé.

Qu’est-ce qui vous plait dans cette démarche ?

On critique beaucoup les agriculteurs sur le respect de l’environnement, la préservation des milieux et des abeilles. Aujourd’hui, j’ai des arguments pour répondre aux détracteurs qui souvent n’y connaissent rien. On peut simultanément développer une agriculture productive, l’apiculture et des ressources pour les pollinisateurs.

Comment organisez-vous votre activité ?

Ma femme et moi sommes agriculteurs et apiculteurs et faisons parfois appel à des employés. Nous cultivons du blé, de l’orge, des betteraves, du quinoa, des pois chiches, des lentilles. Nos brebis paissent sur une prairie de 4 hectares. C’est très complémentaire. Le tapis végétal sert à nourrir les sols entre deux cultures, les fleurs fournissent mes abeilles et, en fin d’année, j’utilise le foin pour nourrir mes bêtes.

Et pour l’apiculture en particulier ?

Je ne produis ni cire, ni gelée. J’ai 25 ruches et produis 5 sortes de miel : du crémeux avec les premières fleurs du printemps, d’acacias, de tilleul, de luzerne et de forêt. Je vends 400 à 500 kilos par an directement à la ferme.

Quelles sont les difficultés auxquelles vous êtes confrontés ?

Aujourd’hui nous devons faire face à un acarien venu de Chine : le Varroa. Il a accru le taux de mortalité dans mes essaims en 2022. Pour lutter, j’ai dû encager les reines, ce qui limite le nombre d’abeilles en gestation. C’est très chronophage mais, quand une colonie ne se porte pas bien, cela procure une vraie satisfaction de la revigorer. Il m’arrive aussi d’intervenir chez des particuliers ce qui me permet de renouveler le cheptel. Cette année j’ai récupéré ainsi 5 essaims. Mais je n’interviens pas dans les conduits de cheminée ni ne détruis d’autres insectes. On dit souvent que l’abeille est en danger. Or il y a plus de ruches aujourd’hui qu’il y a vingt ans. Pour entretenir leur milieu, il faut éviter de couper le trèfle, laisser les arbustes fleurir. En tant qu’agriculteur il faut choisir et sélectionner des plantes pour les nourrir. Et il faut faire attention à ce qu’on épand comme traitement.

En tant que président de la commission apicole de la FDSEA, quel projet portez-vous ?

Le 8 juin dernier nous avons présenté un projet porté par la Chambre d’agriculture et le Département. Un réseau de balances connectées et placées sous les ruches nous permet de connaître le rythme des abeilles. Nous échangeons avec les agriculteurs sur les horaires de traitement des cultures sans risque de nuire aux abeilles. Il y a une volonté politique de structurer le réseau des apiculteurs. En Essonne, on dénombre 573 apiculteurs dont 13 professionnels, sur un total national de 62 784, en 2022. Autre action : nous installons aussi des panneaux informatifs afin de communiquer sur ce que nous réalisons. Les agriculteurs se sentent davantage entendus, mieux compris.

*Fédération départementale des syndicats d’exploitants agricoles.