Un refuge intime
Souhaitant s’éloigner des lumières de la ville, Jean Cocteau acquiert cette maison "des champs" en 1947, un an après le tournage de la Belle et la bête. Sur les conseils du couturier Christian Dior, déjà installé à Milly, son choix s’arrête sur cette dépendance du château de la Bonde construit au XVe siècle.
Abritant les week-ends de l’artiste, le nid milliacois est doté d’un atelier sous les toits où il peint plusieurs toiles. Il se rend avec Jean Marais dans ce "cocon" privilégié pour accueillir les amis et les proches. Après la mort du maître en 1963, son héritier Edouard Dermit habite la maison avec sa famille. Le salon, le bureau et la chambre de Cocteau sont conservés précieusement sans y toucher. Devenue musée en 2010, la maison est désormais accessible au public.
Un univers de fantaisie
Réunissant 500 créations graphiques et des écrits originaux ainsi que de nombreux objets témoins du quotidien, la Maison Cocteau de Milly est un lieu unique pour mieux comprendre l’homme et son oeuvre. Les premières salles resituent les grandes étapes de la vie de Cocteau. Aux murs sont exposés des dessins et des textes manuscrits réalisés sur une multitude de supports allant de la nappe arrachée à la terrasse d’un café aux fragments de journaux. Avec ses chevaux de bois, encrier en forme de tête de bélier, biche de bronze et autres sirènes sorties des manèges de notre enfance, le salon invite à la rêverie loin du monde adulte.
Cocteau a fait de ces murs, un coffre à jouets à la taille de son imagination. Intérieur tapissé de peau de panthère, estampes japonaises, tabouret en cornes de buffles et autres trophées, la décoration du bureau et de la chambre se teinte d’un exotisme volontiers un peu kitsch. Une reproduction de la Charmeuse de serpents du Douanier Rousseau cohabite avec des vases grecs et étrusques dans une surprenante invitation au voyage dans le temps et l’espace. Devant un mur couvert de photos, dessins et autres coupures de presse, la table de travail supporte le nécessaire d’écriture du poète et romancier. A la fin du parcours, une salle abrite des portraits de Cocteau signés Modigliani, Warhol ou Man Ray. C’était en effet l’un des hommes les plus portraiturés du XXe siècle.
Côté jardins
Autour de l’imposante bâtisse, la propriété s’étend sur 1,5 hectares de jardin et de bois parcourus par l’eau des anciennes douves. Dominé par le voisinage des tours imposantes du château de la Bonde, ce parc est orné de sculptures de l’antiquité au XIXe siècle, de pommiers de variétés anciennes et de grands massifs de roses de variété "Cocteau". Dans le fond de ce jardin d’agrément, un bois laissé au naturel donne un parfum de mystère propre à évoquer le créateur, amateur de contes et légendes. A la belle saison, un salon de thé permet de goûter aux joies de cet écrin de verdure rafraîchi par l’onde.
De nouvelles œuvres de Cocteau à découvrir
Jusqu’au 18 décembre 2016, la maison Jean Cocteau de Milly-la-Forêt présente dans ses salons l’exposition "Jean Cocteau, une donation américaine – Robert Rubin". Collectionneur américain, amateur et connaisseur de l’artiste, Robert Rubin a longtemps habité dans l’appartement parisien de Cocteau. Il a réuni une quarantaine de ses œuvres qui après avoir parcouru plusieurs musées dont le Centre Pompidou (2003) et la Fondation Pierre Bergé – Yves Saint Laurent (2015), s'expose à la maison de Milly-la-Forêt dans le cadre d’une donation. Le visiteur y découvrira entre autres pièces un collage exceptionnel de 1926, un portrait de Paul Eluard, des photographies du poète par Bérénice Abbott, Limot, Cecil Beaton, Pierre Jahan…
