C’est l’histoire de Léa, une collégienne harcelée sur les réseaux sociaux. Mais c’est aussi celle de 21% des collégiens confrontés aujourd’hui au cyberharcèlement. Sur la base de données et de témoignages, l’équipe de Gaëtan, Ahmed, Manassé, Bachar et Boniface, étudiants en informatique, cybersécurité, social media, intelligence artificielle et data management, ont conçu E-confident, un chatbot qui lutte contre le cyberharcèlement. Depuis fin octobre, ils participent à la saison 2 du programme Kesk’IA, une formation d’excellence à l’intelligence artificielle destinée aux jeunes des quartiers politiques de la ville, lancée par l’association Evolukid avec le soutien de la Banque des Territoires et en partenariat avec le Département de l’Essonne.
Trois projets en lice
« Ce programme, qui est aussi un concours, est une opportunité de mettre le projecteur sur ces jeunes, de leur apporter une expérience et un réseau », a rappelé Morad Attik, directeur du programme Kesk’IA et co-fondateur d’Evolukid, en introduction de la finale locale le 8 février à Evry-Courcouronnes. Le groupe Orange, également partenaire du programme, a fourni 4 « mentors » aux jeunes étudiants pour les accompagner dans la réalisation de leur projet. « Le talent compte mais il n’est rien sans opportunité. Je suis très fier d’accompagner ce dispositif au nom de l’Essonne qui est une terre d’avenirs », a souligné de son côté Paolo De Carvalho, président délégué du Département en charge de la politique de la ville et membre du jury ce soir-là.
Les 5 membres du jury ont dû départager trois projets d’intelligence artificielle, sur lesquels ont travaillé les trois équipes d’étudiants essonniens en lice, en parallèle à leurs études pendant 3 mois : Prédictive Cantine, une IA qui vise à réduire le gaspillage alimentaire dans les cantines en faisant des prédictions sur les menus à partir de données (préférences des élèves, consommation, coût...) ; Smart traffic, basé sur des feux intelligents connectés à des caméras qui s’adaptent au trafic, afin d’améliorer la circulation sur les routes ; et enfin, le chat bot E-confident contre le cyberharcèlement.
Repérage de messages haineux et agent conversationnel
C’est ce dernier qui a séduit le plus le jury sur la base de 3 critères : la présentation ou « storytelling », l’organisation de l’équipe et la technique de traitement des données utilisée. « Notre chatbot repère les situations de cyberharcèlement, notamment les messages haineux sur la plateforme Discord, l’objectif est de l’intégrer sur l’ensemble des réseaux sociaux. L’utilisateur est alors redirigé vers un agent conversationnel, de type ChatGPT, qui va proposer son aide et répondre aux questions en apportant un côté émotionnel et un accompagnement psychologique. Il peut aussi orienter vers un psychologue, des structures d’aide contre le cyberharcèlement, des numéros de téléphone ou les autorités compétentes », a expliqué Bachar, Machine Learning Engineer de l’équipe. « On a cherché à se concentrer sur le côté positif de l’IA. Nous croyons qu’elle peut répondre à des problèmes de société et éviter des conséquences tragiques », a résumé Manassé, chef de projet.
Bientôt utilisé par les collégiens essonniens ?
Prochaine étape : la finale nationale du concours Kesk’IA qui aura lieu le 25 mai au salon VivaTech au Parc des Expositions de la Porte de Versailles à Paris. Manassé et ses camarades y représenteront l’Essonne avec leur prototype E-confident. A terme, celui-ci pourrait être utilisé sur les Espaces Numériques de Travail (ENT) des collèges essonniens ou sur le site du Département pour répondre aux jeunes Essonniens et les orienter vers des structures locales. Les 3 meilleurs projets au niveau national gagneront un voyage dans la Silicon Valley en 2025.
