Education

Des jeunes Essonniens à la conquête de l’IA

Publiée le : , dernière mise à jour : 02.11.2023

Alors que la Première ministre vient de présenter son plan pour les quartiers prioritaires, le Département de l’Essonne a participé au lancement du programme Kesk’IA à Nanterre cette semaine. Une formation d’excellence à l’intelligence artificielle destinée aux jeunes des quartiers politique de la ville. 12 étudiants essonniens ont été sélectionnés.

Ils s’appellent Walid, Anaïs, Jean-Charles, Inel ou encore Zakarya. Au total, ils sont 12 étudiants essonniens, 4 filles et 8 garçons, à avoir été sélectionnés sur dossier et tests pour intégrer le programme d’excellence Kesk’IA, qui vise à « former 1 000 talents à l’intelligence artificielle ». 90% d’entre eux sont issus de quartiers politique de la ville, à Corbeil-Essonnes, Evry-Courcouronnes, Grigny ou Ris-Orangis. Et tous suivent déjà des études supérieures dans les filières informatiques et digitales.

« Aujourd’hui, nous lançons la saison 2 du programme national Kesk’IA dans 15 territoires, avec le soutien de la Banque des Territoires et sous le haut patronage du président de la République », annonce Morad Attik, ancien professeur de mathématiques et co-fondateur de la plateforme éducative Evolukid. Pour cette première rentrée de la saison, ce sont les étudiants de trois territoires qui vont s’affronter sur la conception de projets d’utilité publique développés par l’intelligence artificielle : Nanterre, qui accueillait cette réunion de lancement le 30 octobre dans son Palais des Sports, Mantes-la-Jolie, et pour la première fois, un département, l’Essonne.

L’Essonne, 1er département partenaire de Kesk’IA

« L’Essonne est le premier département de France à accompagner le dispositif Kesk’IA, à hauteur de 48 000 euros, souligne Paolo De Carvalho, président délégué du Département en charge de la politique de la ville. Car l’Essonne est une terre d’avenirs et 80% des métiers qui vont être créés dans les prochaines années seront liés à l’intelligence artificielle. Mais aussi parce que dans les quartiers politique de la ville, il y a de la discrimination à l’adresse et une vraie problématique de réseau. Ce programme va permettre à des jeunes issus de ces quartiers d’accéder à un réseau, d’incarner les talents de demain et de s’ancrer sur un territoire en apportant des améliorations locales à la vie quotidienne des habitants. »

Le Département a ainsi choisi trois thématiques, en lien avec ses compétences, sur lesquelles ces 12 étudiants vont plancher d’ici février, par équipes et sous la forme de POC (Proof Of Concept, c’est-à-dire des tests de solutions innovantes développées grâce à l’IA) : le gaspillage alimentaire dans les cantines, le cyberharcèlement scolaire et la sécurité routière. « Nous souhaitons orienter notre POC sur la détection des comportements dangereux des conducteurs, par exemple la somnolence, l’utilisation du téléphone au volant… », explique Zakarya, un des jeunes Essonniens participant au programme. A terme, ces 3 POC ont vocation à être utilisés par le Département pour améliorer sa gestion des routes, les quantités dans les cantines (à partir d’un tableau de paramètres) et prévenir les phénomènes de cyberharcèlement chez les collégiens (grâce à un chatbot qui suit les échanges sur les réseaux).

« L’IA, c’est une nouvelle ère »

Walid, 23 ans, étudiant en business development et habitant à Corbeil-Essonnes, est enthousiaste : « L’IA, c’est une nouvelle ère et j’ai envie d’en faire partie. Elle va prendre une grande place dans tous les aspects de la vie quotidienne. Par exemple, on pourra avoir des robots qui scannent les déchets et les trient selon un algorithme. Grâce à ce programme, j’espère acquérir plus de connaissances en matière d’IA et avoir des opportunités professionnelles. » Pendant une semaine, les jeunes du programme Kesk’IA vont d’abord suivre une formation initiale aux bases de l’IA dispensée par un formateur professionnel, sous forme de team building puis de bootcamp, à raison de 7 heures par jour. Puis ils s’attaqueront à la conception des POC en parallèle à leurs études avec des réunions de travail les samedis. « Je code déjà dans mes études, mais je considère ce programme comme un challenge pour voir jusqu’où je peux aller, confie de son côté Ahmed, 19 ans, étudiant en cybersécurité à La Défense. Et c’est aussi une manière de se faire un réseau : Orange Cyberdefense par exemple est super bien placée dans ce domaine. »

Orange comme mentor

Le groupe Orange, pleinement mobilisé dans le développement de l’IA, est en effet partenaire de l’Essonne cette année sur le programme Kesk’IA. « Notre rôle est de faire du mentoring, c’est-à-dire que nous mettons à disposition quatre mentors expérimentés d’Orange Innovation. Ils vont accompagner le groupe de jeunes Essonniens en leur donnant des conseils dans la gestion de projet, leur faire profiter de leur expertise et de leur réseau », explique Viviane Foubert, responsable de communication chez Orange.

Dans un secteur qui manque de femmes, le programme Kesk’IA veut aussi créer des vocations chez les jeunes filles. Najlae, 23 ans, en 3ème année de sciences pour l’ingénieur, et Anaïs, en 2ème année de sciences informatiques, toutes deux à l’université d’Evry, sont là « pour en apprendre plus sur l’IA et ces métiers du futurs ». Quant à Soukayna, 17 ans à peine en licence maths et informatique à Paris-Saclay, elle tient à « sortir de sa zone de confort » et veut devenir « data analyst ». « L’IA, c’est l’avenir, il ne faut pas louper le coche », affirme avec assurance cette jeune Rissoise.

Voyage dans la Silicon Valley en 2025

Prochaines étapes de l’aventure : une finale essonnienne entre équipes en février, puis nationale en mai au salon Viva Tech à Paris. A la clé pour les 3 équipes finalistes, un voyage dans la Sîlicon Valley en 2025. « Ce serait le rêve », sourit Walid, nommé chef de projet de son équipe.