Formation

Face aux sans-abris, des maraudeurs diplômés

Publiée le : , dernière mise à jour : 16.07.2020

En janvier prochain, une troisième promotion composée d’une vingtaine de personnes prendra place sur les bancs de l’université d’Évry-Val-d’Essonne pour l’unique formation en France dédiée aux maraudeurs. Présentation.

En France, près de 150 000 personnes sont à la rue. Face à elles, des maraudeurs, salariés ou bénévoles, premier maillon de lutte contre la grande précarité. Certains ont de l’expérience, d’autres ont des diplômes. Mais peu disposent d’une formation adaptée à l’urgence sociale.

Face à ce constat, l’université d’Évry-Val-d’Essonne (Ueve) et la Croix-Rouge française ont créé en janvier 2017 le premier – et seul – diplôme universitaire dédié au "technicien d’intervention d’urgence sociale mobile", autrement dit les maraudeurs. "Sur le terrain, ces professionnels ont différentes façons d’aborder les sans-abri. La formation vise à homogénéiser et professionnaliser les pratiques et l’expertise des maraudeurs", détaille Martine Dutoit, maître de conférences à l’Ueve et responsable du diplôme.

Les enseignements sont assurés par des enseignants chercheurs de l’université d’Évry et des formateurs de l’Institut régional de formation sanitaire et social de la Croix-Rouge française qui connaissent ce champ de pratique.

Une cinquantaine de maraudeurs formés

Depuis son lancement, les bancs de la fac ont déjà accueilli une cinquantaine de maraudeurs des équipes mobiles de la Croix rouge française, du Samu social, des agents d’accueil de centres d’hébergement, des coordinateurs du 115… À raison de trois jours par mois sur dix mois, les stagiaires apprennent à mieux connaitre les publics de la rue, leurs particularités, leurs pathologies ; à les orienter vers les dispositifs adaptés ; à développer une écoute attentive et créer du lien tout en gardant la distance nécessaire. "Loin d’une simple liste à la Prévert, il s’agit au contraire de leur faire prendre du recul sur leur pratique et adopter le juste positionnement", complète Martine Dutoit, qui a été assistante sociale pendant 22 ans.

Connaître ses lacunes et ses points forts

Une ambition qui porte ses fruits, comme le remarque Karim*, maraudeur depuis cinq ans à Corbeil-Essonnes et diplômé de la première promotion : "J’ai beaucoup appris grâce aux enseignants et à mes autres collègues, je me suis rendu compte de mes lacunes mais aussi de mes points forts". Pour tous ces étudiants, le DU peut aussi être une première marche vers d’autres diplômes, de travailleur social par exemple.

Alors que la seconde promo a été diplômée en octobre, l’université d’Évry pense déjà à la suite. "À terme, l’objectif est d’ouvrir la formation à d’autres associations et aux 15 000 maraudeurs en France", assure Martine Dutoit.

 

"Ce diplôme est à la fois valorisant, motivant et intéressant sociologiquement. Il ne suffit pas d’avoir du cœur pour s’occuper des personnes vulnérables. Il faut aussi avoir des compétences !" Ibrahim*, agent d’accueil en centre d’hébergement à Étampes.


 * Témoignages extraits du site