Handicap

Dans les coulisses de la MDPHE

Publiée le : , dernière mise à jour : 19.06.2023

Peu connue du grand public, la Maison départementale des personnes handicapées de l’Essonne (MDPHE) est la porte d’entrée à laquelle viennent frapper chaque année 30 000 Essonniens en situation de handicap et leurs familles. Nous avons rencontré son équipe de professionnels mobilisés au quotidien pour répondre à leurs demandes.

Derrière la vitre de son guichet, Laëtitia, 22 ans, nous accueille avec un large sourire entourée d’une pile de dossiers. « Nous sommes 13 agents chargés de l’accueil du public sur site, par téléphone ou par mail, du tri et de la numérisation des dossiers, explique la jeune femme. Les personnes en situation de handicap viennent seules ou accompagnées par leurs proches si elles ont du mal à se déplacer. Aujourd’hui, j’ai eu des personnes qui sont venues déposer des dossiers, un retrait de formulaire et des demandes de renseignement sur les aides existantes. »

Ouverte depuis 2007 dans un grand bâtiment en briques rouges de la rue Henri Rochefort à Evry-Courcouronnes, la Maison départementale des personnes handicapées de l’Essonne (MDPHE) est en effet en charge de toute demande d’aide, de prestation ou d’information concernant les adultes et les jeunes en situation de handicap : les cartes d’invalidité, de priorité ou de stationnement (CMI), l’allocation adulte handicapé (AAH), la prestation de compensation du handicap (PCH), la reconnaissance de la qualité de travailleur handicapé (RQTH), l’allocation d’éducation de l’enfant handicapé (AEEH), les demandes d’accompagnant scolaire (AESH) ou de matériel pédagogique adapté, les transports scolaires adaptés,  l’orientation vers les classes spécialisées ou vers des établissements et services médico-sociaux (ESMS)…

150 demandes par jour

Chaque jour, 150 demandes arrivent ainsi à la MDPHE, déposées à l’accueil, par voie postale, par mail et, de plus en plus, directement par Internet. « Nous sommes là pour aider les usagers à remplir le formulaire si besoin, note Nathanaëlle, également agent d’accueil. Il doit être accompagné obligatoirement d’une pièce d’identité, d’un justificatif de domicile en Essonne de moins de 3 mois et d’un certificat médical de moins de 12 mois, ainsi que de toutes pièces estimées nécessaires et permettant de comprendre la situation de la personne : justificatif de dépenses (factures, devis…), bilan d’établissement, ‘Gevasco’ pour les enfants… »

Les dossiers sont ensuite scannés et confiés au service instruction, installé au 2ème étage. Luce et Laurent y travaillent depuis près de 10 ans. « Notre mission consiste à traiter le dossier du dépôt de la demande jusqu’à la notification à l’usager de la décision de la Commission des droits et de l’autonomie des personnes handicapées (CDAPH) », détaille Luce. Délai de traitement moyen fin 2021 : 5,8 mois. Ce délai se réduira grâce à la numérisation des dossiers, aux avancées informatiques et au recrutement de renforts humains. Laurent, lui-même reconnu travailleur handicapé suite à une maladie, avait dû patienter un an et demi pour voir aboutir sa demande il y a 10 ans. « Je suis ensuite rentré à la MDPHE en tant qu’instructeur après une formation et un forum de l’emploi. Je connais donc les deux côtés de la structure, en tant qu’usager et en tant qu’agent ! Cela m’a permis de comprendre pourquoi il y a tant d’attente : tout est réglementé et calculé selon des barèmes nationaux et la situation de la personne. »

« C’est de l’humain avant tout »

Autre passage obligé des dossiers à la MDPHE : le service évaluation. Cécilia, Elisabeth et Marie-Claire sont infirmières et chargées de l’évaluation médicale des dossiers aux côtés de 8 médecins. « Nous évaluons les déficiences et les pathologies de la personne, les incapacités qui en découlent et les besoins de compensation du handicap en équipe pluridisciplinaire, composée selon la situation de médecins, infirmiers, travailleurs sociaux, enseignants spécialisés, ergothérapeutes, psychologues, conseillers d’orientation professionnelle… Sur la base de cette évaluation, nous proposons l’attribution d’une aide, d’une prestation ou une orientation. Notre proposition peut être ensuite validée ou refusée par la CDAPH. Parfois, nous nous rendons au domicile de la personne pour mieux évaluer sa situation. Mais il n’y a pas de dossier type. Chaque situation est unique », raconte Cécilia, qui travaillait auparavant dans un centre de rééducation et de réadaptation pour adultes handicapés. « Nous traitons des dossiers mais ce sont des personnes qui sont derrière. Nous avons besoin de visualiser la situation dans son ensemble, complète Marie-Claire. C’est de l’humain avant tout. » En 2021, près de 70 % des 29 300 demandes déposées à la MDPHE ont été acceptées, notamment grâce au travail réalisé par les partenaires de proximité pour accompagner les usagers (cf. ci-dessous).

Les astuces pour réduire vos délais de traitement 

- Constituer un dossier complet en réunissant les 4 pièces obligatoires (pièce d’identité, justificatif de domicile en Essonne de moins de 3 mois et certificat médical de moins de 12 mois), ainsi que les autres pièces utiles pour comprendre votre situation et apporter une réponse adaptée
- Mobiliser si besoin l’appui d’un partenaire de proximité pour finaliser son dossier : les Maisons départementales des solidarités (MDS), les CCAS et communes, les associations du handicap, les établissements… Il y a forcément une structure à côté de chez vous en Essonne.
- Déposer en ligne votre dossier, vous permettant d’être guidé et d’obtenir instantanément un accusé de dépôt
- Suivre en ligne l’avancée de votre dossier, selon 5 étapes : déposé, recevable, en cours d’évaluation, évalué, décidé.

Des résultats en 2023

Le niveau d’activité de la MDPH est en forte progression : 35 000 décisions ont été notifiées aux usagers de janvier à avril 2023, c’est 30% de plus qu’en 2022 sur la même période. Cela représente plus de 8500 décisions prises par mois.

Les efforts se poursuivent ainsi jusqu’à début 2024 pour rétablir les délais de traitement.

Le mot de...

Jean Dutoya, directeur de la MDPHE

« La MDPHE s’apparente à une chaîne de professionnels qui œuvrent pour apporter la meilleure réponse aux personnes en situation de handicap. Pour chaque demande adressée à la MDPHE, au moins 4 professionnels apportent leurs compétences et engagement, sans compter les partenaires également impliqués. Dans le contexte du Covid, les demandes ont augmenté en 2021, alors que nos équipes étaient durement impactées, en arrêt de travail ou en garde d’enfants du fait des écoles fermées. De plus, nous devions en même temps mettre en œuvre de nouvelles réglementations et applications informatiques nationales : les droits sans limitation de durée, la PCH parentalité… L’Essonne a alors été identifiée comme l’un des 10 départements pionniers au niveau national pour la mise en place d’un plan d’actions concernant la modernisation des MDPH. Lancé au printemps 2022 avec le soutien du Département et de la CNSA*, il comprend le recrutement de renforts humains (instructeurs, médecins, infirmiers, travailleurs sociaux…), des améliorations informatiques et des simplifications de traitement pour plus de rapidité. 12 postes ont ainsi été recrutés cet été 2022 en renfort des 102 agents déjà en poste. Notre nouveau service en ligne permet de suivre en direct l’avancement de son dossier : plus de 3000 usagers l’ont déjà adopté en moins de 4 mois. Ce plan d’actions se déploiera jusqu’à fin 2023 pour une résorption totale des demandes en attente et à partir de là un traitement de l’essentiel des demandes complètes en moins de 4 mois. Il est important aussi de rappeler que la MDPHE reste une porte d’entrée qui met en relation tous les partenaires du handicap autour d’un objectif commun : l’inclusion des personnes handicapées dans la société, que ce soit à l’école, au travail, dans leur logement, les transports ou leur vie quotidienne. »

* Caisse nationale de solidarité pour l’autonomie.

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