Des arbres, des champs et des broussailles où déambulent canards et renards. Sur l’ancien hippodrome d’Evry, situé entre Ris-Orangis et Bondoufle, la nature a repris ses droits, à quelques mètres à peine de l’A6 et de la Francilienne. Et le temps semble s’être figé, depuis sa fermeture en 1996. « A l’époque, la filière hippique ne fonctionnait plus aussi bien que dans les années 1970 », explique Jean Vauthier, responsable de l’électricité chez France Galop, propriétaire des lieux. Inauguré en 1973, l’hippodrome de Ris-Orangis fut en effet en son temps le plus moderne d’Europe, grâce notamment à ses systèmes informatiques pour enregistrer les paris.
A l’abandon depuis 2000
Quand on emprunte la seule route débroussaillée, les vestiges de ce glorieux passé hippique ressurgissent, un à un : le tracé des anciennes pistes de courses, là où l’herbe a été jaunie par le soleil ; les miradors disséminés tout autour où grimpaient les cameramen pour filmer les courses en temps réel ; les tribunes qui accueillaient le public, avec leurs guichets où se ruaient les parieurs ; et juste derrière, 130 boxes de chevaux encore en parfait état. Comme si ces équidés et leurs spectateurs venaient tout juste de quitter les lieux…
Pourtant, après l’arrêt des courses par France Galop pour raisons budgétaires, le site est laissé à l’abandon dès 2000.Mais les 80 hectares disponibles, auxquels se sont rajoutés les terrains de l’usine LU fermée en 2003, attirent les convoitises. « Les projets les plus fantaisistes se sont succédés, raconte Didier Quéchon, ancien gardien de l’hippodrome : un circuit de Formule 1, un Center Parc, un regroupement de Chinois. » Sans oublier la rumeur d’une piste de ski artificielle, un projet de ferme solaire photovoltaïque, le stade de Roland-Garros, puis le Grand Stade de la Fédération française de rugby en 2012… Aucun n’a abouti.
Un décor propice à l’imagination
Mais au cours des dernières années, l’ex-hippodrome a trouvé une nouvelle vocation : celui de plateau de tournage. D’abord pour la série policière de TF1 « Profilage », puis pour les films « Mon inconnue », « Titane », « Comment je suis devenu super-héros », avec Benoît Poelvoorde, et à nouveau des séries : « Balthazar », « Clem », « Luther »... Derniers en date : le clip de la chanson « Coup de vieux » de Biglo & Oli avec Julien Doré et le film « Coupez ! » de Michel Hazanavicius avec Romain Duris et Bénérice Bejo, présenté en ouverture du festival de Cannes en 2022.
Ce qui plaît aux réalisateurs ? Des espaces intérieurs et extérieurs totalement vides et fermés, donc à l’abri des regards. Et son décor incroyable propice à l’imagination : ses tribunes, ses escalators aux couleurs flashy, ses couloirs et son bar abandonnés, sa végétation… « J’ai adoré ce décor, a confié Michel Hazanavicius. Où que vous posiez la caméra, il y avait des lignes de fuite, des matières, une brillance, un côté société de consommation en déliquescence… » Un décor parfait donc pour le réalisateur du film aux 5 Oscars « The Artist » qui croisait cette fois le film de zombies et la comédie.
