Collèges

L’art d’enseigner différemment

Publiée le : , dernière mise à jour : 16.02.2021

Simon Mette est professeur de mathématiques au collège Jules Verne de Villebon-sur-Yvette. Comme ses collègues enseignants, il a dû particulièrement s’adapter pendant le premier confinement. Depuis il a créé une chaîne YouTube et un compte Instagram pour aborder les mathématiques différemment. Essonne.fr est allé à sa rencontre.

Tout d’abord, pouvez-vous nous parler de vous en tant qu’enseignant ?

Oui, je suis professeur de mathématiques depuis septembre 2007 et j’ai toujours enseigné en Essonne. Depuis 2014, je suis en poste fixe au collège Jules Verne de Villebon-sur-Yvette. J’enseigne à des classes de cinquième, quatrième et troisième. J’ai choisi ce métier car j’ai toujours eu envie d’expliquer et d’enseigner ; j’ai choisi les mathématiques car c’était la matière que j’affectionnais le plus. Un métier passionnant et exigeant. Je travaille sur le fond – trouver la meilleure explication possible, la plus accessible, la plus durable. Et, depuis quelques années, je travaille aussi la forme, avec une approche plutôt originale. J’aime me mettre en scène et faire le spectacle. Les différents moments de mes séances de cours sont marqués par des slogans et des jingles musicaux que je choisis. Par exemple, à chaque début du cours, je lance « vous êtes en cours de mathématiques, la science que toutes les sciences appliquent » et un jingle retentit. Quand je propose aux élèves de passer de la leçon aux exercices, de même, je lance un slogan et un jingle. Je crée toutes sortes de rubriques plus ou moins ludiques, qui ont chacune leur nom, leur concept, leur slogan, leur jingle. Je me suis beaucoup inspiré de ce qu’on peut trouver dans certaines émissions télévisées. Même si cela peut paraître futile, mes élèves semblent apprécier cette dynamique et leur attention semble plus facilement captée.

C’est original en effet ! Vous avez dû être frustré de ne pas enseigner comme d’habitude pendant le confinement ?

Oui, en plus d’être frustré, j’étais même démoralisé car nous nous doutions que la période allait durer longtemps. Très rapidement, l’aspect vivant et l’aspect spectacle de mon métier m’ont manqué. De plus, j’étais désemparé par le fait de ne plus pouvoir enseigner avec mes mains, de ne plus pouvoir donner d’explications orales. Alors j’ai tenté, avec difficulté, de transposer ce que je faisais en classe pour le faire à distance. J’ai dû trouver des idées pour garder l’attention de mes élèves afin d’assurer un suivi pédagogique important. Il n’était pas question que mes élèves décrochent.

Donc vous avez lancé la chaîne Youtube Les maths s’émettent ! ?

En fait, ce n’était pas mon objectif premier car je n’étais pas présent sur les réseaux sociaux. En revanche, dès le premier jour, j’ai ressenti le besoin de faire des vidéos explicatives pour assurer les cours de mathématiques à distance. En effet, on ne peut pas demander à des collégiens de suivre subitement des cours de mathématiques en ne lisant que des explications écrites ! Devant le nombre croissant des vidéos que je réalisais et qu’il fallait stocker, j’ai fini par créer une chaîne YouTube, Les maths s’émettent ! On peut trouver à présent des éléments de cours, des exercices corrigés, notamment des explications sur le théorème de Thalès, les fractions, la factorisation, etc. J’étais content de voir que les élèves s’abonnaient et recevaient positivement ces vidéos.

Peu de temps après, à titre récréatif, j’ai créé le compte Instagram associé Instamathic. L’idée était de publier, chaque jour, une à trois photos personnelles en lien plus ou moins direct avec les mathématiques ou ma qualité de professeur de mathématiques. Très vite, j’ai repris goût au fait de faire des photos, des petits clips musicaux, et le concept du compte est devenu un simple prétexte. Finalement, ces deux supports illustrent mon appétence à l’aspect visuel et musical que j’intègre dans ma manière d’enseigner.

Très intéressant, et aujourd’hui continuez-vous à poster des vidéos ?

Depuis la reprise des cours en présentiel, je n’ai ni ressenti le besoin ni eu le temps de refaire des vidéos. Quand j’aurai plus de temps, je souhaiterais faire des vidéos à destination des élèves mais aussi des enseignants : évoquer des situations qui montrent l’importance du choix des mots, du choix des explications… Car certaines erreurs mathématiques proviennent d’abord de la façon dont les notions de bases ont pu être enseignées.