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Des étudiants essonniens distingués à Boston

Publiée le : , dernière mise à jour : 20.12.2017

En novembre dernier, une poignée d’étudiants de l’université Paris-Saclay est revenue de Boston auréolée d’une médaille d’or. Ce trophée, décroché au concours international de biologie de synthèse iGEM, récompense leur projet de fabrication à haut rendement d’un édulcorant naturel, le psicose.

Après le bronze obtenu en 2016 par les étudiants de l’université d’Evry, c’est une médaille d’or que les jeunes essonniens rapportent cette année de Boston, tous rassemblés sous la bannière Evry Paris-Saclay. "Une récompense qui nous hisse parmi les 100 meilleures équipes sur les 300 participants au concours iGEM cette année", se félicite Yanis Khenniche, membre et porte-parole de l’équipe.

La clef de ce succès tient en quelques lettres : psicose. "C’est un sucre rare que l’on trouve dans certaines plantes et en faible quantité dans quelques fruits. Il n’est pas métabolisé par l’organisme mais possède un pouvoir sucrant proche du sucre alimentaire", explique l’étudiant en biologie. "Il diminue par ailleurs l’absorption d’autres sucres et aiderait donc à lutter contre le diabète et l’obésité". Seul petit bémol, sa synthèse industrielle est toxique, génère d’autres sucres et s’avère donc peu rentable.

Produire proprement, augmenter le rendement

C’est pourquoi l’équipe essonnienne d’iGEM a décidé d’utiliser la biologie pour produire proprement le psicose. "Nous avons trouvé dans la littérature scientifique la machinerie naturelle capable de synthétiser ce sucre. C’est une enzyme que nous faisons fabriquer par une bactérie bien connue des chercheurs (E.Coli)", explique Yanis Khenniche.

Modifier le génome d’E.Coli pour obtenir cette machinerie a donc été le premier étage de la fusée. Le second a été d’augmenter le rendement de la synthèse de psicose. "Nous avons mis au point une technique de screening – c’est-à-dire d’identification et de sélection – basée sur un marqueur fluorescent et permettant d’isoler les enzymes les plus performantes". Le principe est simple : l’édulcorant se fixe sur une protéine ayant le rôle de déclencher la synthèse du marqueur fluorescent, plus les étudiants mesurent de fluorescence, plus il y a de psicose et plus l’enzyme est efficace. Ce procédé, désormais accessible à tous (open source), pourrait bien intéresser l’industrie.

Rassembler les talents

Pour parvenir à ce résultat, l’équipe iGEM a pu compter sur le soutien de Génopole, des universités d’Evry et de Paris-Saclay, du Grand Paris-Sud, de l’ambassade de France aux États-Unis, mais aussi sur les nombreux talents de ses membres. "Ce concours est très transversal et s’il fait appel à la biologie, il se concentre aussi sur les enjeux sociétaux, éthiques et économiques. C’est comme monter une startup". Les 15 étudiants essonniens sont donc issus de cursus aussi variés que la biologie, la chimie, la bio-informatique, le droit ou encore le journalisme…

Tous sont sortis grandis de cette aventure humaine et scientifique. "Nous sommes en 2e année de master et avons pour la plupart moins de 23 ans. iGEM nous a permis de nous lancer dans un réel travail de recherche, très formateur. Il représente une expérience très riche qui nous ouvrira certainement de belles opportunités", conclut Yanis Khenniche.

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