Innovation

Une startup essonnienne facilite l'insertion des malvoyants

Publiée le : , dernière mise à jour : 27.02.2017

Entrepreneur, professeur en technologie du handicap, référent pour la formation des enseignants spécialisés... depuis 25 ans, Damien Mauduit s’investit pour l’insertion des personnes handicapées. Aujourd’hui à la tête de la startup grignoise Inside Vision, il commercialise une tablette convenant aux malvoyants comme aux voyants. 

Qu’est-ce qui vous a poussé à créer votre tablette Inside One ?

La principale motivation d’Inside Vision est de faciliter l’inclusion des personnes handicapées visuelles dans les écoles ou les entreprises. Le matériel braille n’a pas évolué depuis 25 ans, son utilisation n’est pas simple et il créé une barrière entre voyants et malvoyants. Le taux de chômage chez ces derniers atteint d’ailleurs les 70%. Il était donc temps de créer une rupture technologique par rapport aux solutions brailles actuelles.

Quelle est sa particularité ?

De pouvoir faire travailler sur le même appareil handicapés visuels et voyants. Des repères physiques – empreintes au centre et autour de l’écran pour saisir et faciliter la navigation, réglette braille avec picots rétractables pour la lecture - associés à une zone tactile élargie, une gestuelle spécifique et des logiciels simplifiés permettent au malvoyant de piloter la tablette. Parallèlement, une personne voyante peut suivre à l’écran la production de son partenaire et chacun peut modifier en direct ce que l’autre fait. Les voyants n’ont plus besoin de connaitre le braille, les non-voyants disposent de tablettes quasi équivalentes aux tablettes classiques, on entre dans l’ère de l’interaction et du partage.

La tablette est commercialisée partout dans le monde depuis mars 2016 et le démarrage est prometteur. Envisagez-vous de la faire évoluer ?

La partie matérielle est au point et les innovations (zone tactile élargie, empreintes, gestuelle) sont brevetées. Il nous reste à développer une suite logicielle simplifiée par rapport à ce que propose Windows afin d’optimiser l’utilisation de la tablette et aider ses utilisateurs à être efficaces rapidement. Nous proposons déjà un bloc-notes. Nous réfléchissons à une messagerie, un navigateur web, une calculatrice, une base de données, des logiciels scolaires… et des jeux. N’importe quel éditeur de logiciel pourra d’ailleurs s’approprier nos développements afin de pouvoir proposer rapidement des applications compatibles via un store en ligne. Nous en attendons 150 d’ici trois ans. Comment cela se traduit-il pour Inside Vision ? Par une forte création d’emplois ! Notre objectif est de sortir 15 logiciels d’ici 18 mois. Nous allons donc avoir besoin de 15 nouveaux développeurs que nous allons recruter grâce à la levée de fonds actuellement en cours.

Pourquoi l’Essonne vous a-t-elle semblé idéale pour développer votre entreprise ?

Je suis originaire de Sainte-Geneviève-des-Bois et si j’ai pu être un parisien inconditionnel pour le travail, j’ai senti le besoin de revenir en Essonne. J’y ai redécouvert un dynamisme économique que l’on a malheureusement tendance à oublier depuis Paris et il se trouve que c’est le département français qui accueille le plus de personnes en situation de handicap. Grâce à l’Agence Essonne Développement, j’ai pu trouver des locaux accessibles à tous, à Grigny, en zone franche. C’est un atout économique pour notre startup. Par ailleurs, j’ai pu embaucher des talents locaux - un seul de mes huit collaborateurs vient de Paris – et rassembler des personnes qui connaissent des difficultés autour de problématiques d’autres personnes en difficulté. Enfin, en nous installant ici, nous restons proches de l’association Vivre qui, depuis un hôpital de jour du Val-de-Marne, réinsère des personnes handicapées dans la vie active en leur proposant d’assembler nos tablettes. Tout cela correspond parfaitement à notre philosophie : un handicap pour un handicap.

Travaillez-vous avec d’autres acteurs économiques Essonniens ?

Je me suis engagé auprès du Conseil départemental de l’Essonne pour participer à la création du HLab. C’est une association qui rassemble de nombreux acteurs du handicap et de la recherche pour placer l’innovation au service de la personne handicapée. Je suis administrateur du HLab et à ce titre je suis amené à travailler avec Telecom Sud Paris à Evry, l’écosystème de Paris-Saclay ou encore Optics Valley. Une fois que l’on est tombé dans le chaudron du handicap, on ne peut plus en sortir !