Biotechnologies

La lumière qui vient de la mer

Publiée le : , dernière mise à jour : 27.02.2017

C’est au Genopole, dans la chaleur de la fin du mois d’août, que Sandra Rey nous a ouvert les portes de Glowee. À la tête de la jeune startup, la jeune femme s’est entourée d’une équipe de designers, de docteurs et ingénieurs en biologie pour émettre de la lumière à la façon des organismes marins. 

Vos études de design ne vous destinaient a priori pas à créer Glowee…

Je suis venue aux biotechnologies au hasard d’un concours auquel j’ai participé pendant mes études. Il s’agissait de réunir des profanes de la biologie synthétique pour s’affranchir des barrières techniques. Mon équipière et moi avons eu l’idée de fabriquer des autocollants bioluminescents suite à un reportage sur les poissons des abysses. Si des organismes marins peuvent faire de la lumière sans électricité, pourquoi pas nous ? La bioluminescence est déjà très utilisée en laboratoire pour les marquages génétiques, cela paraissait réalisable. Nous avons remporté le concours. Le concept de Glowee était né.

Que propose votre société ?

De changer notre façon d’éclairer ! Nos produits imitent le vivant grâce au gène particulier d’une bactérie qui vit en symbiose avec certains organismes marins (les seiches par exemple) et leur permet de devenir luminescents. Nous isolons ce gène et l’intégrons à l’ADN d’une bactérie totalement inoffensive. Nous cultivons celle-ci dans un milieu adapté à sa croissance et à la production de lumière. Nous encapsulons l’ensemble « milieu-bactérie » dans une coque transparente et nous obtenons nos produits bioluminescents.

À quoi sont dédiés vos produits ?

Les capsules émettent une lumière bleue verte très douce que l’on peut regarder longtemps. C’est quasi hypnotique… et idéal dans un contexte évènementiel ! Nous les avons par exemple récemment installées au Palais de Tokyo à Paris lors d’une conférence TED*. La bioluminescence est connue depuis longtemps.

En quoi Glowee propose-t-elle une technologie de rupture ?

Nos produits reposent sur une matière vivante, modelable, qui se reproduit, meurt, et s’affranchit d’infrastructures pour transporter l’électricité. Ils sont donc différents d’un simple point lumineux et offrent de repenser la façon de s’éclairer. En ville par exemple, l’éclairage nocturne représente 19% de la facture. Au vu du nombre d’usagers, des municipalités choisissent d’éteindre les réverbères à certaines heures de la nuit. Appliquée au mobilier urbain, la bioluminescence apporte une solution économique et écologique pour répondre à ces besoins modérés de lumière. Par ailleurs, nos business model prévoient d’incinérer la matière en fin de vie pour produire des énergies renouvelables. Au final, nous ne proposons pas de consommer la lumière, mais de la cultiver et de la louer. C’est une technologie de rupture.

Quels sont les prochains objectifs de Glowee ?

Nos produits ont une durée de vie d’environ trois jours. Ils éclairent actuellement autant qu’une veilleuse, d’où leur utilisation en évènementiel. Nous concentrons donc nos efforts sur l’augmentation de l’intensité lumineuse afin de toucher de nouveaux marchés. Nous sommes d’ailleurs en discussion avec de grands groupes pour cofinancer cette phase de R&D** qui demandera de un à cinq ans de travail. Grâce à eux, nous aurons un véritable retour produit et nous répondrons à de réels besoins. Je dépense parallèlement beaucoup d’énergie sur les aspects réglementaires de notre activité afin d’obtenir l’autorisation de vendre nos produits car nous ne rentrons ni dans la case "biotechnologies" ni dans la case "technologies propres". La réglementation évolue toutefois en notre faveur, le problème devrait être bientôt réglé.

*TED : Technology, Entertainment & Design
**R&D : Recherche & développement

En complément

Aussi sur le web

Toute la philosophie Glowee sur glowee.fr
Le site de Genopole

 


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