Science et recherche

Jean Zay, le supercalculateur le plus puissant de France pour la recherche

Publiée le : , dernière mise à jour : 16.11.2022

Connaissez-vous les pétaflops ? Ce qu'est un supercalculateur ? L'intelligence artificielle ? Nous avons eu la chance de visiter le supercalculateur Jean Zay de GENCI (Grand Équipement National du Calcul Intensif - www.genci.fr) situé à Orsay, dans les locaux du CNRS-Idris. Un monde d'excellence scientifique et futuriste nous a ouvert ses portes il y a quelques jours. Nous partageons avec vous cette expérience inédite !

De loin, on a l'impression d'être devant des dizaines de tours d'ordinateurs. Jean Zay, c'est le nom de ce supercalculateur, occupe une surface au sol de plus de 150 m2, pèse près de 45 tonnes et frôle les 36,8 pétaflops de vitesse de calcul. Le « flops » (ou flop/s) est un acronyme anglo-saxon qui signifie « FLoating point Operations Per Second », soit « opérations à virgule flottante par seconde ». Il s’agit de toutes les opérations de calcul qui impliquent des nombres réels. Quant au préfixe « péta », il signifie 10 puissance 15, c’est-à-dire un million de milliards. Jean Zay parvient donc à réaliser 36,8 millions de milliards d’opérations de calcul en une seconde !

Une machine hors norme et reconnue mondialement

Première puissance nationale pour la communauté scientifique en intelligence artificielle, ce supercalculateur est employé pour résoudre les problèmes scientifiques les plus complexes, comme la lutte contre le Covid-19, la recherche sur le climat, l'astrophysique ou encore la biologie. Jean Zay est développé par HPE et opéré par l’Institut du développement et des ressources en informatique scientifique (Idris) du CNRS. Il offre des capacités de calculs de plus en plus vastes à la communauté scientifique et possède une puissance qui lui vaudrait aujourd’hui d'être classé parmi le Top 500 des superordinateurs les plus puissants au monde.

Cette énorme machine est installée dans une salle maintenue à une certaine température pour éviter la surchauffe. D'ailleurs, il fait très froid dans cette zone du bâtiment. Champion de l’efficacité énergétique, sa technologie de refroidissement à eau tiède de dernière génération permet de récupérer les calories émises (4000 MWh soit l'équivalent de 1000 logements neufs) pour chauffer le bâtiment CNRS de l’Idris et bientôt les bâtiments de l’université Paris-Saclay.

Favoriser le partage des recherches scientifiques et de leurs résultats

S’ils fournissent régulièrement des résultats fascinants, les grands modèles d’intelligence artificielle sont généralement des boîtes noires : on ne sait pas exactement comment ils calculent leurs réponses et de nombreux éléments ne sont pas rendus publics.

Le supercalculateur essonnien - dont le développement s’inscrit dans la stratégie AI for Humanity voulue par le président Emmanuel Macron pour faire de la France un pays leader en intelligence artificielle – propose ses ressources à la recherche académique, publique et privée. « La seule contrainte est de faire de la recherche ouverte, c’est-à-dire de donner accès aux publications des résultats scientifiques », ajoute le directeur de l’IDRIS.

Aujourd’hui, Jean Zay compte 1 450 projets scientifiques dont 70 % sont consacrés à l’intelligence artificielle (IA). A Orsay, le supercalculateur travaille sans relâche, guidé par une équipe de chercheurs chevronnés. L'appareil va reproduire des milliers de fois le même schéma. Les chercheurs vont l'accompagner pour réduire le nombre d'erreurs dans ses calculs et accroître son autonomie de réponse.

Pour ne citer qu'un exemple, ce type d’intelligence artificielle "peut apprendre simultanément un modèle de génération de textes et un modèle de représentation de textes en effectuant de manière répétitive une tâche élémentaire. Elle peut donc prédire le prochain mot d’un texte dont on connait le début, à la manière de ce que font les claviers intelligents", indique le CNRS. Ainsi, il va être capable de générer une suite logique et inédite de mots et de créer du contenu qui lui sera propre. Cela ouvre le champ des possibles et une créativité infinie. Des studios de production de cinéma américains ont déjà invité nos chercheurs essonniens pour faire une présentation du concept à leurs équipes !

Ce n'est que le début d'une course folle à celui qui calculera le plus vite et bientôt, nous verrons se développer des superordinateurs quantiques . D'ici 2025, les géants de l'informatique préparent déjà des supercalculateurs hybrides qui intégreront des processeurs et des réseaux de communications quantiques et conventionnels. L'avenir est en marche...