Recherche et innovation

À l’heure de la médecine 4.0 ?

Publiée le : , dernière mise à jour : 18.10.2019

Téléconsultations, intelligence artificielle, patients et médecins connectés… Le numérique investit la santé. À Évry, depuis 20 ans, les chercheurs de Telecom SudParis travaillent sur la transformation numérique en santé. Le point avec Bernadette Dorizzi, directrice de la recherche et spécialiste e-santé de l'école d'ingénieurs essonnienne.

 

Qu’est-ce que l’e-santé ?

Le terme désigne l’ensemble des technologies du numérique au service de la santé, de la prévention, de l’autonomie des patients. L’e-santé fait appel à Internet, aux applications smartphone, objets connectés, algorithmes, à la réalité virtuelle. Ces technologies font également évoluer les pratiques des professionnels de santé. Les enseignants-chercheurs de Télécom SudParis travaillent depuis plus de vingt ans sur la transformation numérique en santé.

Quels sont vos axes de recherche ?

Notre équipe, composée d’une dizaine de chercheurs, travaille par exemple sur des capteurs qui analysent la démarche des personnes âgées et détectent précocement les risques de chutes. Nous développons également des logiciels d’impression en 3D de poumons. Les chirurgiens naviguent virtuellement dans l’organe, pour mieux appréhender la pathologie et préparer leur opération.

Vos travaux portent-ils aussi sur les maladies neurodégénératives, dont l’essor est étroitement lié au vieillissement de la population ?

Tout à fait. Notre laboratoire expérimente des méthodes de reconnaissance vocale ou d’analyse d’écriture ou des signaux d’électro-encéphalogramme pour repérer, en amont, les premiers symptômes des maladies de Parkinson ou d’Alzheimer. L’enjeu est une prise en charge plus précoce, plus efficace.

Où en est l’e-santé aujourd'hui ?

Nous sommes dans une phase de transition où se profilent plus d’impacts, plus d’apports du numérique dans la santé. Le remboursement en 2019 des consultations de télémédecine, la multiplication des applications mobiles et objets connectés témoignent de l’importance croissante de ces technologies. Elles vont être de plus en plus présentes à l’hôpital, dans les cabinets des médecins, grâce à l’émergence de nombreuses start-up. Le récent plan Ma Santé 2022 du gouvernement ambitionne de placer la France parmi les pays à la pointe de l’innovation en santé. Le vrai challenge est de savoir quelle place nous allons donner à ces outils numériques, et comment gérer les milliards de données de santé générées par leur utilisation.

Le patient est-il prêt pour cette médecine 4.0 ?

Rien ne remplacera le lien avec le médecin, la relation de confiance. Mais la santé numérique peut rendre de précieux services, par exemple dans les déserts médicaux. En zone rurale, une téléconsultation peut être réalisée sous deux jours, contre plusieurs semaines pour un rendez-vous traditionnel dans un cabinet médical.