Économie

A la santé des vignes !

Publiée le : , dernière mise à jour : 29.06.2015

60% des vignobles français sont menacés par la flavescence dorée. Contagieuse, cette maladie incurable met en danger la production viticole. Installée à la pépinière Genopole, la start-up évryenne Anova-Plus développe un diagnostic génétique de terrain pour réagir avant qu’il ne soit trop tard…

Transmise par la cicadelle, un insecte, cette bactérie ne montre ses premiers effets qu’un an après la contamination de la plante. Si plus de 20% de la parcelle est atteinte, l’arrachage systématique de la totalité de la parcelle est une nécessité. Le seul traitement actuellement disponible est la lutte contre les insectes vecteurs. Détecter les premiers cas avant la dissémination est donc essentiel. Feuilles jaunes, grappes desséchées et atrophie des rameaux, les trois symptômes de la flavescence dorée peuvent pourtant facilement passer inaperçus surtout lorsqu’ils sont isolés.

Prévenir plutôt que guérir

"Nous espérons qu’à terme notre test permettra de détecter la flavescence au moindre doute, ce avant la prolifération des insectes" explique Carine La, co-fondatrice d’Anova-Plus. Ingénieure en biotechnologies, l’entrepreneuse de 26 ans a créé Anova-Plus en 2012 avec Marc Masson, 40 ans d’expérience en génétique végétale, créateur de plusieurs variétés de pommes de terre dont la fameuse charlotte. Utilisable directement par les viticulteurs, cette solution rendra possible un suivi fin et précoce de chaque exploitation. Il suffit de prélever un pétiole (tige de la feuille), d’en extraire le jus, de le chauffer puis de le mettre en contact avec les réactifs pour savoir si l’échantillon comporte la signature génétique de la bactérie.

Ce test génétique été validé par des experts du domaine dans sa version laboratoire en comparant ses résultats à celui de la méthode officielle. La réussite d’une récente campagne de dons sur Internet et un partenariat avec l’industriel Phyteurop va permettre de préparer une campagne de validation terrain à grande échelle.. Après ce premier produit destiné à la vigne, d’autres tests génétiques seront déclinés pour des cultures comme les tomates, les arbres fruitiers et la lavande également touchés par des épidémies végétales. Déterminer les souches de champignons et mauvaises herbes résistantes à certains traitements chimiques pour mieux cibler les produits à utiliser est un autre développement à l’étude.

Améliorer les variétés

Le décryptage du génome de la vigne en 2007, notamment grâce au travail des scientifiques du Genoscope d’Evry a ouvert de nouvelles possibilités. Permettant d’identifier rapidement des marqueurs génétiques, les tests de terrain d’Anova-Plus favorisent la création de nouvelles variétés. "Les variétés pourront être sélectionnées très tôt" poursuit la jeune chercheuse enthousiaste. Obtenir des cépages avec une saveur particulière ou une résistance accrue à certaines maladies est ainsi facilité. Le début de la démocratisation du diagnostic génétique au sein du monde agricole ? Affaire à suivre.

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