Sorties Portrait

Un disquaire sans fausse note

Publiée le : , dernière mise à jour : 22.03.2023

La vente de vinyles aux États-Unis dépasse, pour la première fois, celle des CD depuis 1987. Et ce sont les moins de 35 ans qui affectionnent le plus les 33 tours. Une tendance qui réjouit Alberto Bechi. Ala tête de sa boutique, Spirits, le disquaire organise la première édition de la Foire aux vinyles de La Ferté-Alais le dimanche 26 mars.

La platine tourne, envoie un riff rock du groupe américain Jefferson Airplane. La tête dans les pochettes, Alberto Bechi classe avec minutie les derniers vinyles qu’il vient d’acquérir. Ouvert en 2015, son magasin « Spirits » est l’un des trois seuls disquaires du département. À côté de l’église de La Ferté-Alais, le local est petit mais rempli de bons vieux 33 tours. Des posters tapissent les murs. « J’ai été bercé par les chansons italiennes de ma mère, les albums rock de mes frères. Je voulais à tout prix réaliser mon rêve d’être disquaire », raconte aujourd’hui ce passionné de musique. Après trente-cinq ans dans une ONG venant en aide aux travailleurs italiens installés en France, il se lance en 2015. Un vrai pari. Les premiers vinyles vendus viennent de sa collection personnelle. Aujourd’hui, Spirits, c’est près de 4 000 vinyles, 1 500 en stock, des cassettes audios, etc. « Je chine, parcours les brocantes et beaucoup d’Essonniens m’apportent les disques qu’ils souhaitent vendre », détaille le mélomane de 63 ans, barbe blanche et béret vissé sur la tête, qui habite à Lardy.

Un choix pointu de vinyles

À l’heure où les plateformes d’écoute cartonnent, le vinyle résiste. Mieux, les ventes progressent chaque année avec plus de 5 millions de disques écoulés en 2021 (trois fois plus qu’en 2016). Et c’est tant mieux, selon Alberto Bechi : « Pour être écoutée sur un smartphone ou un ordinateur, la musique est compressée et perd en qualité. Avec un 33 tours, le son est enregistré de façon analogique, avec une amplitude et une profondeur bien plus élevée. On entend distinctement chacun des instruments ». Piètre guitariste (c’est lui qui le dit), il est intarissable dès qu’il s’agit de renseigner un client, lui faire découvrir une nouveauté. Mine d’or pour les passionnés comme les novices, Spirits propose un choix pointu de vinyles, des pièces d’origine ou des rééditions. Ici le dernier album d’Orelsan Civilisation (une version éditée à seulement 300 exemplaires !) ; là, sa récente découverte des Sleaford Mods, un groupe de post-punk britannique qui chante les maux de l’Angleterre contemporaine... Sans oublier les classiques du jazz et du funk, du rock et des musiques afro-américaines des années 1970, etc. Son coup de cœur ? « Jimmy Hendrix, un mythe, guitariste de génie, chanteur prodigieux », lance sans hésiter Alberto Bechi.

Des concerts, des foires aux vinyles

La clientèle, fidèle, préfère l’état d’esprit du Spirits aux vastes rayons des mastodontes de la grande distribution. Pourtant, Alberto Bechi ne relâche pas ses efforts et fourmille d’idées pour élargir son audience. Il a fondé avec un ami une association – Génération Cham’ – qui organise plusieurs fois par an des concerts. Il a créé et anime la foire aux vinyles de Chamarande, dont la quatrième édition s’est tenue le 12 mars. Et lance la toute première édition de la foire aux vinyles de La Ferté-Alais, le dimanche 26 mars. Une trentaine d’exposants sont attendus. Une chose est sûre, ça va groover dans le village essonnien.

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