Patrimoine culturel

Notre-Dame de Paris : une sacrée restauration en Essonne

Publiée le : , dernière mise à jour : 13.04.2023

Le 15 avril 2019, le monde entier a les yeux braqués sur Notre-Dame en feu. Miracle : 22 toiles de maître sortent indemnes de l’incendie. Elles sont cependant en cours de restauration, en Essonne. Reportage au cœur d’un chantier hors-normes.

Loupe frontale, mains gantées, Isabelle Chochod a le regard concentré et le geste délicat. Munie d’un grand coton-tige imbibé de solvant, sa main redonne peu à peu son éclat à « La Nativité de la Vierge » des frères Le Nain. Autour d’elle, une quarantaine de collègues s’affairent à la restauration d’autres peintures de la cathédrale Notre-Dame de Paris. Une vingtaine au total, toutes extirpées sans dégâts des flammes il y a trois ans.

Un atelier sur-mesure

L’atelier est installé en Essonne, dans un immense hangar mis à disposition par l’entreprise Bovis : « Le bâtiment de 4000 m² comprend une salle de stockage et deux salles de restauration de 12 mètres de hauteur sous plafond » décrit Alexandre Bovis, son directeur. «Tout a été aménagé en un temps record d’un mois et demi. Le site est équipé de systèmes de contrôle pour maintenir uniformément la température entre 18 et 20 degrés, et le taux d’humidité, entre 45 et 55 degrés. Notre équipe métallerie a également créé sur mesure des racks à tableaux, les plus grands d’Europe, pour s’adapter aux dimensions des toiles pouvant atteindre jusqu’à cinq mètres sur quatre».

Restauration de tableaux

De l'or au bout des doigts

Une organisation hors normes à la hauteur des enjeux du chantier, initié par la Direction régionale des affaires culturelles (Drac) d’Île-de-France. « C’est une opportunité unique de rénover en même temps tous ces chefs d’œuvres et de pouvoir harmoniser ainsi leur restauration »,se félicite Marie-Hélène Didier, conservatrice générale du patrimoine de la DRAC Île-de-France.La collection regroupe des trésors du 17e et 18e siècles signés Le Brun, Carrache, Lubin Baugin ou encore La Hyre. « On doit les dépoussiérer et dégager les vernis des précédentes restaurations, qui remontent aux années 1960. Puis, on applique des petites retouches colorées pour combler les lacunes. Chaque œuvre nécessite près de cinq mois de travail, voire six s’il faut reprendre les supports ».La restauration s’achèvera en décembre 2023. Les toiles retrouveront alors leur place à Notre-Dame, pour sa réouverture en 2024.

Restaurations du patrimoine

Le Département préserve le patrimoine de l’Essonne. Très concrètement, il apporte son soutien financier à la rénovation de chefs d’œuvre en péril comme la chapelle Saint-Blaise des Simples à Milly-la-Forêt. Abîmées par l’humidité, les fresques signées de Jean Cocteau – qui repose là - vont être restaurées, une fois que la chapelle sera isolée. Des travaux soutenus aussi par la mission Bern et son loto du patrimoine.Autre exemple : la basilique de Longpont-sur-Orge, monument religieux le plus visité de l’Essonne avec 55 000 visiteurs par an. En août dernier, Notre-Dame-de-Bonne-Garde a retrouvé son grand portail, sculpté vers 1235 consacré à l’Assomption de la Vierge Marie. La restauration qui a duré un an a été soutenue par le Département, là encore.