Archéologie

Les Tarterêts à Corbeil, il y a 23 000 ans…

Publiée le : , dernière mise à jour : 23.03.2022

La troisième campagne de fouilles archéologiques dans le quartier des Tarterêts à Corbeil-Essonnes a mis en lumière des vestiges, notamment osseux, attestant d’une occupation humaine remontant à 23 000 ans. Un fait rare dans le bassin parisien.

Sans doute peu d’habitants du quartier des Tarterêts à Corbeil-Essonnes le savent-ils. Mais l’endroit où ils vivent était déjà occupé il y a 20 000 ans de cela. C’est la conclusion de la dernière campagne de fouilles archéologiques entreprise aux Tarterêts à partir de 2019 et dont les résultats ont été présentés à la mi-mars à la Maison des associations de la ville.

Conférence illustrée

Résumer trois années de recherches de vestiges et en faire comprendre l’enjeu n’était pas chose facile. C’est pourtant ce que sont parvenus à faire les deux conférenciers Ludovic Mevel, du CNRS et Élisa Caron-La Violette, jeune thésarde. Pour les aider, l’association ArkéoMédia, organisatrice de la manifestation, avait eu l’idée d’inviter l’illustratrice Virginie Nahon qui illustrait par des dessins les propos des deux intervenants. « Mon métier est de faciliter la compréhension par le dessin », explique la jeune femme. Pendant plus d’une heure, Virginie Nahon, feutre à la craie en main, a donc couvert de dessins de grandes feuilles de carton-plume tandis que les deux conférenciers entraînaient l’auditoire dans une plongée vers le paléolithique supérieur.

Os

Des silex et des os

Même si des silex ont été découverts dans une carrière dès 1888, il a fallu attendre les années 1970 pour que des fouilles scientifiques sur deux sites (Tarterêts 1 et 2) révèlent des traces d’occupation par l’homme datant de l’époque magdalénienne (de 17 000 à 12 000 ans avant notre ère). En 2012, une troisième zone d’intérêt archéologique (T3) était identifiée sur une parcelle de 1751 m2 dans le cadre d’un diagnostic d’archéologie préventive. À partir de 2019, les archéologues ont eu la surprise d’y découvrir des vestiges préservés dans les anciennes berges de la Seine, notamment des os dont la datation témoigne d’une présence humaine à plusieurs périodes, entre 23 000 et 14 500 avant aujourd’hui, soit antérieures au Magdalénien, fait exceptionnel dans le bassin parisien.« Ce qui rend ce site si important, c’est qu’il relativise nos connaissances sur ces périodes. L’Angleterre était alors comme un gros glaçon et le nord de la France très froid ; l’on pensait que personne ne vivait au nord du pays », souligne Ludovic Mevel. Les fouilles se poursuivront cet été car T3 n’a pas encore livré tous ses secrets.

Archéologie
Avant tout travaux d’aménagement un diagnostic obligatoire effectué par sondage permet de détecter, caractériser et circonscrire d’éventuels vestiges. Cette mission est remplie par l’Institut national de recherches archéologiques préventives (Inrap).

50 ans de fouilles à Étiolles
Sur la rive droite de la Seine, à Étiolles, se trouve un site d’intérêt archéologique majeur du Magdalénien peuplé il y a 13 000 ans par des chasseurs-cueilleurs. Le vaste site fait l’objet de fouilles programmées depuis 50 ans, financées par le Département. Des journées portes ouvertes auront lieu les 18 et 19 juin prochains. Un beau week-end en préhistoire en perspective !