Histoire

Des ailes et des hommes

Publiée le : , dernière mise à jour : 17.11.2016

Devenue Centre d'essais en vol, la base aérienne de Brétigny-sur-Orge est entrée dans l'histoire de l'aviation comme un lieu d'expérimentation exceptionnel. Depuis sa création en 1938 jusqu'à sa fermeture en 2011, ce lieu n'a cessé d'être hanté par le bruit des hélices, des réacteurs ainsi que du travail intense des ingénieurs et chercheurs.

De la guerre aux essais en vol

Brétigny, c’est d’abord une base de l’armée de l’air conçue pour seconder le site d’Etampes – Mondésir, célèbre pour avoir accueilli la patrouille d'Etampes, ancêtre direct de la patrouille de France actuelle. La vaste surface disponible (16 000 m²) est un argument clé pour cette implantation à proximité de Paris. C’est une école de pilotage venue d’Orly qui prend finalement possession de l’endroit entre 1939 et 1940.

Après l’occupation, la Luftwaffe installe plusieurs escadrilles de chasse et de bombardement sur place. Des bombardiers partent de ce terrain pour bombarder l’Angleterre. Du fait de cette importance stratégique, l’aérodrome subit de nombreux bombardements américains qui détruisent une grande partie des hangars construits par l’occupant. De la fin 1944 au début 1945, deux escadrilles américaines se servent des installations laissées par les occupants. Le centre d’essais en vol (CEV) arrive sur place en 1946 pour effectuer des mesures et tests concernant les appareils mais aussi la physiologie humaine. Son personnel est composé de pilotes et techniciens civils et militaires. Brétigny est une base innovante atypique et qui le restera.

Le lieu de "premières aéronautiques" françaises

Les Brétignolais sont les témoins privilégiés des succès de l’aéronautique national de l’après-guerre. Le premier avion à réaction français : le SO-6000 Triton vole à Brétigny en 1946 suivi du premier hélicoptère hexagonal en 1952. C’est également sur ce terrain, que Jacqueline Auriol, première pilote d’essais de notre pays, battra le record du monde de vitesse en 1955 (1 151 km/h). Le 23 juin 1953, le président de la République Vincent Auriol lui-même assiste aux évolutions aériennes de sa belle-fille à l’occasion de l’inauguration d’une nouvelle piste.

Après avoir accueilli de nombreux prototypes de Marcel Dassault dans les années 50 et 60, le Concorde et le Rafale seront d’autres invités de marque de celle que l’on appelle la Base 217 à partir des années 80. On y teste aussi des équipements et instruments de bord. Des sièges éjectables, des équipements radio et radar, la protection contre la foudre ou les boîtes noires sont autant de domaines abordés sur l’aérodrome essonnien. Le dernier essai sera celui réalisé en 2001 sur l’Airbus A340 avec une piste totalement inondée pour l’occasion.

Bien plus qu’un terrain d’aviation

En plus des activités liées aux aéronefs, la santé des personnels navigants et au sol a été une des autres activités de recherche menées à Brétigny. Dès 1957, le laboratoire médico-physiologique mesure les réponses du corps humain aux contraintes du vol avec un caisson permettant de simuler le changement de température d’une ascension de 20 000 m. Demeurant sur le site, l’Institut de recherche biomédicale des armées (IRBA) est le successeur de cette tradition de recherches avec de nouveaux secteurs de recherche dans le domaine nucléaire, radiologique et les risque biologiques et chimiques.

La conquête de l’espace est l'autre mission confiée à la base de Brétigny. Dès sa création en 1962 par le général De Gaulle, le Centre national d’études spatiales (CNES) implante une antenne à Brétigny. Le premier lanceur de satellites français sera conçu à cet endroit avant d’être lancé en 1964, faisant de notre pays une puissance spatiale aux côtés des Américains et des Russes. Ce Centre spatial de Brétigny sera transféré en 1975. Deux ans plus tard, Eurocontrol, organisme européen chargé de la sécurité aérienne choisit également le lieu et y demeure de nos jours.

Destinée à accueillir de nombres activités économiques et industrielles grâce à un projet ambitieux de reconversion soutenu par le Conseil départemental, la BA 217 n’a pas dit son dernier mot.