Portrait

Séverine Hervy, la fleur au fusil

Publiée le : , dernière mise à jour : 03.05.2022

Maman de deux petites filles, Séverine Hervy est une femme très occupée. Son carnet de rendez-vous est plein. Chef d’entreprise, elle est aux commandes, avec Frédéric son mari, des Serres de Misery, une ferme horticole située à Vert-le-Petit. Le couple vend ses productions sur place, à la ferme, en circuit court.

Avec ses 40 serres et ses 15 hectares de production, les Serres de Misery sont l’une des dernières et plus grandes d’Île-de-France. Une entreprise que Séverine Hervy, originaire de Dannemois, codirige avec enthousiasme depuis 2018. Et adversité.

Des débuts pas roses

« Avec mon mari, nous nous sommes installés ici en 2018. Nous avions un emplacement à Rungis où nous vendions notre production aux grossistes et aux fleuristes. Avec la crise des gilets jaunes en 2019, de nombreux marchés ont été annulés. Et par là même de nombreuses commandes de fleuristes, glisse-t-elle dans un sourire. Puis est arrivé le Covid et le confinement avec un arrêt total de notre activité ». Heureusement, trois épiceries de Paris lui commandent des bouquets. « Ça nous a sauvé », ajoute-t-elle. Ces jeunes entrepreneurs ont pu aussi compter sur le soutien des habitants du secteur qui, bénévolement, sont venus les aider à planter des semis. « Nous sommes aussi passés aux journaux de 20 heures de France 2 et TF1. C’était un samedi soir. En quelques minutes, j’ai reçu sur mon portable plus de 80 appels de gens qui nous encourageaient. Cela met du baume au cœur », se rappelle l’agricultrice.

Une détermination sans faille

« Au départ, je voulais être fleuriste, poursuit-elle. Mes parents ont préféré que je fasse une école de commerce. Après la naissance de ma deuxième fille en 2015, j’ai repris mes études et suivi une formation en horticulture. Nos fleurs sont cultivées en plein champ ou sous serre, la production varie en fonction des saisons. On travaille avec les Artisans du Végétal, une sorte de coopérative, un label qui garantit aux consommateurs qu’un minimum de 70% des fleurs, des plantes et des arbres que nous proposons sont produits sur place par des femmes et des hommes fiers de leur métier et de leur savoir-faire ». En plus de fournir en fleurs coupées de saison et plantes en pot des fleuristes et des grossistes, les Serres de Misery vendent leurs productions sur place, à la ferme. En circuit court. « Les clients nous demandaient des plants de tomates, de salades. On s’est mis aux légumes aussi. Tout l’été, les Essonniens peuvent venir en cueillir à la ferme », précise cette passionnée d’horticulture.

photo des serres vues de haut

Cueillette à la ferme

C’est l’atout indéniable des Serres de Misery, en plus des prix plus qu’attractifs et de la qualité des produits : la cueillette. Derrière la serre-boutique, un sublime champ de tulipes de toutes les couleurs. Un tableau impressionniste grandeur nature. Entre les « lignes », des clients, ciseaux en mains : « C’est formidable d’avoir ça près de chez soi. C’est tellement mieux que les grandes enseignes de jardinage. Là, on est en direct avec les producteurs et au contact de la terre, cela change tout », s’enthousiasme cette jeune retraitée. Sous d’autres serres, il était possible en mars et avril, de cueillir des anémones et des renoncules à des prix défiant toute concurrence compte tenu de leur qualité : seulement 5 euros les 10 tiges, contre 7 euros les 5 tiges en grande surface ! En juillet, place aux dahlias. « On a 80 variétés sur 3 hectares », explique la spécialiste. Autre différence de taille avec les grandes chaînes de jardinerie : le respect des saisons. « Nos fleurs poussent sous serre et en terre froide, contrairement aux gros producteurs qui fournissent les jardineries. Ils chauffent les serres pour accentuer la croissance et donc les rendements. »

Des projets pleins la tête

Toujours tournée vers l’avenir, Séverine Hervy ne manque pas de projets et ses 4 salariés ne chôment pas entre boutures de fleurs, de plantes, cueillette et préparation de bouquets pour les fleuristes. « Nous sommes en train de construire une boutique où nous proposerons nos fleurs et nos plantes ainsi que des produits locaux, annonce-t-elle. C’est une démarche importante ». Logique pour une ferme qui adhère à la charte Made in Essonne d’Essonne Tourisme. Des produits locaux qui seront aussi largement valorisés dans le futur salon de thé qu’elle compte ouvrir avec l’une de ses filles, encore très jeune. D’ici là, Séverine Hervy souhaite développer la production d’arbres fruitiers. Une fois de plus pour répondre à la demande. Comment gère-t-elle le changement climatique ? « Nous nous adaptons. Nous sommes totalement dépendants de la météo. Avec le gel tardif d’avril l’an dernier, nous avons perdu une bonne partie de notre production de plants de tomates, de salades. Cette année, on les a faits plus tard. Au fil du temps, on ne cultivera plus les mêmes variétés. Dans la région, on a de plus en plus de lavande. Il fait beaucoup trop chaud dans le Sud, elles s’acclimatent mieux ici maintenant. »