Croissance verte

Christophe et la Chocolaterie

Publiée le : , dernière mise à jour : 02.12.2020

Cette année, le quatrième prix d’"Action pour la planète" a été remporté par la Fondation Astrid pour le projet "Nyamoro". Elle contribue au développement de cacaoculteurs au Cameroun et a déjà participé à la fondation d’une école. Rencontre avec Christophe Bertrand, maître artisan chocolatier à Savigny-sur-Orge et à l’initiative de ce projet.

Vous êtes un chef d‘entreprise, propriétaire de l’enseigne "Reine Astrid", mais également un artisan chocolatier très investi dans les actions solidaires, en Haïti, puis en Afrique. Comment cette rencontre entre le chocolat et le développement durable est-elle apparue ?

J’ai grandi en Afghanistan, en Thaïlande et en Algérie, baigné dans une ouverture d’esprit et une famille engagée dans la solidarité. En 2010, c’est d’abord le Conseil départemental des Hauts-de-Seine qui m’a entraîné dans son projet cacao, proposant à certains pays d’organiser des coopératives pour favoriser la fermentation du cacao qui apporte plus de goût. Aujourd’hui, grâce à ce procédé et au fait que ce soit des coopératives qui négocient le juste prix, le cacao a pris ses lettres de noblesse et est vendu bio et équitable en Haïti.

Au Cameroun, c’est une femme, Aristide, qui m’a contacté en 2017 et qui a pris le risque de m’envoyer 200 kg de fèves de cacao, souhaitant sortir du système conventionnel pour trouver des acheteurs en direct. Touché par son audace, je suis parti à sa rencontre et ai proposé aux producteurs locaux de mettre en place la même action que nous avions faite en Haïti, mais à l’échelle de leur village, à Nkog Ekogo.

Et c’est là, que vous avez monté un collectif en faveur du projet "Nyamoro" qui s’implique ici, en Essonne, pour développer des projets de coopération internationale ?

Oui, le Cameroun est le cinquième pays producteur de cacao, mais les planteurs ne le fermentent pas. Ainsi, en organisant une coopérative pour fermenter et bien sécher le cacao, nous avons permis d’y développer une note très particulière de raisin. Depuis, nous en avons produit 2 tonnes en 2018, 14 tonnes en 2019, 40 en 2020 et 60 tonnes sont prévues pour 2021. Ce modèle a inspiré le CICC (Conseil interprofessionnel du cacao et du café) qui, avec mon soutien et celui de la Confédération des chocolatiers français, a décidé d’engager le Cameroun sur la voie de l’excellence (plutôt que la course aux volumes) et inauguré six coopératives sur ce modèle depuis 2018.

A Nkog Ekogo, j’ai également levé des fonds pour construire un entrepôt de stockage et je suis parti 15 jours sur place avec dix jeunes de mon village Les Molières, dont deux de mes enfants pour rénover l’école du village. Nous avons également accueilli Hervé, le mari d’Aristide pour le former pendant huit mois en France, à la fabrication du chocolat, en vue de l'aider à monter une chocolaterie artisanale sur place. A l'été 2019, nous avons envoyé une ingénieur agronome pendant deux mois afin de mettre en place deux hectares de culture de cacao sur un modèle d'agroforesterie (arbres fertilitaires, arbustes insecticides, intercalés d'arbres fruitiers et de cacaoyers) afin de prouver que le bio est possible et que faire vivre une famille est réalisable malgré une petite surface. Depuis le projet "Nyamoro" de la Fondation Astrid a pris toute son ampleur et son intérêt.

Nous sentons que vous n’allez pas vous arrêter là, quels sont vos projets ?

En effet, après avoir financé des masques de protection dans la lutte contre la propagation de la Covid-19 en Afrique, nous allons nous concentrer sur la construction d'une chocolaterie au Cameroun et recherchons les fonds pour ce faire.

Curieux et philanthrope, Christophe Bertrand a insufflé une nouvelle âme aux chocolaterie À La Reine Astrid, maison parisienne fondée en 1935. Le chocolatier essonnien fait partie des rares artisans à tracer le parcours du cacao, selon le procédé bean to bar (de la fève à la tablette). Soit, de l’essence du goût à ses plus belles expressions. Pour lui, c’était une évidence d’installer son laboratoire à Savigny-sur-Orge en tant qu’Essonnien de longue date. En 2018, il nous avait ouvert les portes de sa chocolaterie. Retrouvez la vidéo sur la chaîne Youtube du Département.