Développement durable

L'Essonne, terre d'avenirs pour le climat

Publiée le : , dernière mise à jour : 17.02.2017

Le 30 janvier dernier, l’Assemblée départementale accueillait la paléoclimatologue Valérie Masson-Delmotte. Chercheuse au CEA et membre du GIEC*, elle intervenait en tant que grand témoin pour éclairer les élus essonniens sur leur capacité d’agir en matière de réchauffement climatique.

"Mon but n’est pas de faire de la prescription", a précisé Valérie Masson Delmotte en prenant la parole à l’Assemblée départementale. Ce 30 janvier, la chercheuse du laboratoire des sciences du climat et de l’environnement (LSCE, Saint-Aubin) a rendu compte aux élus et aux concitoyens des connaissances scientifiques produites dans le domaine du changement climatique.

Un réchauffement irréversible

"L’impact de l’Homme dans le domaine n’est plus à prouver et tout l’enjeu est de savoir quelle part lui revient et quelle est celle attribuée à la variabilité naturelle". Les activités humaines dégagent en effet de grandes quantités de gaz à effet de serre (GES) qui s’accumulent dans l’atmosphère et finissent par réchauffer la température terrestre. "Nous relevons aujourd’hui un taux de CO2 40% supérieur à celui des 800 000 dernières années", a souligné la chercheuse.

La communauté scientifique est formelle, la machine climatique terrestre est irréversiblement déséquilibrée. "Si aucune action coordonnée n’est menée à l’échelle planétaire pour limiter les émissions de GES, la Terre se réchauffera de 4°C** d’ici 2050 et de 4°C supplémentaires d’ici 2100. 2°C en 2050 si nous agissons dès maintenant". Au programme : fonte des glaces, montée des océans, sécheresses et précipitations accentuées, perte d’écosystèmes, difficultés d’accès à l’eau… Le tout en proportion à l’amplitude du réchauffement.

De réelles solutions d’adaptation

L’Essonne est particulièrement vulnérable au changement climatique. Le territoire, parfois densément peuplé, est exposé aux risques d’inondation, de gonflement et de rétractation des sols argileux mais aussi de dépérissement de la forêt.

"Les modélisations montrent une intensification de 10% des pluies torrentielles hivernales. Les crues décennales et centennales seront plus fréquentes et plus intenses", a rappelé l’experte. "En été, le thermomètre dépassera les 30°C pendant 30 jours si le réchauffement est limité à 2°C. À 4°C, ce sera pendant plus de 2 mois. L’été de 2003 deviendra la norme".

La scientifique a insisté sur la nécessité de s’adapter et de développer les bonnes solutions, créatrices d’activité économique et d’emplois non délocalisables. Elles existent. Dans les secteurs de l’agriculture où les espaces cultivés peuvent capter le CO2, de l’efficacité énergétique pour laquelle la France peut exporter ses savoir-faire, ou encore des énergies renouvelables dont les coûts s’effondrent.

Innovation essonnienne

"Je rêve que notre région se dote d’une ambition identique à celle de la Californie en matière de transition énergétique", a souligné Valérie Masson Delmotte. L’État américain applique une politique de promotion de l’innovation particulièrement volontariste en s’appuyant sur sa richesse académique. "Avec Paris Saclay, l’Essonne dispose de ce gigantesque potentiel d’innovation décarboné".

En témoigne le projet ICE – infrastructure pour le climat et l’environnement - soutenu par le Département. Opérationnel dès la fin 2017, il regroupera des équipes et équipements de haut niveau pour étudier le climat et réduire les incertitudes sur son évolution. Les connaissances produites alimenteront la communauté internationale. Elles serviront de base à la formation des étudiants et à la création de startups innovantes.

"Plus que jamais, l’Essonne peut être un département à l’avant-garde de l’excellence environnementale", a conclu François Durovray au terme de la présentation de Valérie Masson Delmotte.

*Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat
**par rapport à l’ère préindustrielle


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