Un peu d'histoire

Le dynamisme économique, scientifique, industriel, et la qualité de vie qui se sont développés au cours du vingtième siècle en Essonne s'expliquent en grande partie par l'histoire très riche du département.

L'origine du département

Créé par la loi du 10 juillet 1964, portant sur la réorganisation de la région parisienne, l'Essonne est un département tout récent. Mais l'histoire des terres qui le composent (Hurepoix, Brie, Gâtinais et nord de la Beauce), elle, remonte à  plusieurs millénaires.
 

De Cro-Magnon aux Gallo-Romains

L'occupation du territoire essonnien remonte au paléolithique supérieur. Du site magdalénien d'Étiolles, aux maisons danubiennes du Cerny, en passant par le dolmen de Janville, les traces laissées par les premiers hommes sont nombreuses. Cette occupation précoce est certainement due à l'incomparable fertilité des terres de la Beauce et de la Brie.

Mises en culture par les Celtes, civilisation rurale avancée, les riches terres essonniennes évidemment convoitées, sont conquises par les Romains en 52 av. JC. L'occupation romaine qui dure près de cinq siècles, s'avère très bénéfique. En construisant les premières voies de communication, des ponts et des fermes, les Romains après les Gaulois contribuent à structurer un territoire désormais prospère. Pour un temps, ils apportent paix et stabilité.
 

Invasions barbares et début de la chrétienté

À partir de la deuxième moitié du IIIe siècle, les grandes invasions mettent un terme à  cette période heureuse. Les campagnes sont pillées et ruinées. Les populations se réfugient dans les rares villes fortifiées. Dans cette atmosphère d'insécurité et de peur, les regards se tournent vers de grands évangélisateurs comme Saint Yon et Saint Sulpice (en souvenir de qui sera fondé le pèlerinage de Saint-Sulpice-de-Favières). Le territoire essonnien devient terre d'évangélisation et le christianisme fait ses premiers pas.

Il prend véritablement son essor lors de la conversion de Clovis. Des abbayes sont alors édifiées à  Bruyères-le-Châtel et à Limours. Exemple symbolique : selon la légende, Dagobert est sacré Roi au Château-Forêt près de Milly-la-Forêt. À l'époque carolingienne, le mouvement s'amplifie encore. 
 

Aux temps des seigneurs : églises et châteaux forts

Étampes, Corbeil, Dourdan, Arpajon et Montlhéry deviennent au Xe siècle des comtés. Mieux structurés, ces territoires doivent aussi être protégés. Plusieurs châteaux forts et donjons sont édifiés en position stratégique sur la route de Paris à Orléans. Tandis que les Capétiens luttent pour asseoir leur autorité, des moines se regroupent pour bâtir des établissements monastiques.

On peut encore admirer d'importants chef-d'œuvres de l'art roman et gothique dont les plus notables sont la basilique Notre-Dame de Longpont, édifiée à  partir de 1031 et Saint-Sulpice-de-Favières, aux dimensions impressionnantes. Dans le tumulte des affrontements pour le royaume de France, Philippe Auguste renforce les fortifications de Corbeil et d'Etampes et ordonne la construction du château de Dourdan.
 

Le temps des malheurs

Durant près de deux siècles, les comtés essonniens vont payer cher leur position géopolitique, proche de la capitale du royaume. C'est une terre ravagée que vont laisser la peste noire de 1348, la guerre de Cent ans, et encore les guerres de religion et la Fronde. Les villes brûlent, les églises converties en places fortes sont détruites, la misère sévit dans les campagnes. Les armées anglaises, bourguignonnes, les troupes catholiques puis huguenotes se réfugient tour à tour dans les villes qui comme Dourdan, Etampes ou Corbeil, sont partiellement dévastées.

Le temps des idées

Du XVIIe au XIXe siècle.

À l'heure des plaisirs royaux

Les règnes de Louis XIII et de Louis XIV mettent un terme aux épisodes sombres qui ont secoué la région pendant des siècles. Les terres essonniennes vivent à  présent à l'heure versaillaise. Les routes de Fontainebleau, Chambord et Orléans traversent le département. La Cour suit le roi. Elle en profite pour élever ici et là de belles demeures où se retrouvent les célébrités littéraires (à Bâville, Boileau, Racine et Madame de Sévigné).

Le roi aime chasser en forêt de Sénart : des chantiers de drainages, d'assèchement et d'entretiens des chemins sont entrepris. À la fin du XVIIIe siècle, de nouveaux paysages apparaissent. La vogue est aux parcs et aux jardins imitant une nature "libre". Ces lieux mettent en valeur de petites constructions pittoresques appelées "fabriques", dont les plus célèbres se trouvent à  Méréville.
 

De la révolution à 1870 : les grands bouleversements

Dans les cafés parisiens, l'idée de Révolution fait son chemin. Le roi a convoqué les États Généraux. L'Essonne connaît à nouveau la surpopulation et certaines catégories sociales s'appauvrissent. Le peuple, comme les nobles et le clergé, rédige ses cahiers de doléances et reste paradoxalement attaché à la monarchie. Après les bouleversements de 1789, l'une des premières lois révolutionnaires donne naissance aux départements. Le territoire essonnien se trouve rattaché au département de Seine-et-Oise. Versailles en devient le chef lieu.

La Révolution, l'Empire puis la Restauration changent la physionomie politique du pays. Le cadre socio-économique, lui, ne s'est guère modifié. La vie en Essonne au début du XIXe reste profondément rurale. En 1840 tout change. L'arrivée du chemin de fer consacre la première révolution industrielle et bouleverse la donne territoriale. Les lignes Corbeil-Paris (1840), Paris-Orléans (1843), et surtout Paris-Lyon-Marseille, modifient profondément l'environnement et les modes de vie. Les industries se multiplient le long de la Seine.
 

Les temps modernes

Du XXe siècle à nos jours.

Le prolétariat s'organise

La défaite de 1870 vient gripper les rouages du progrès. Les Prussiens envahissent l'Essonne. Les combats font rages à Corbeil et Dannemois. D'autant qu'aux affres de la guerre suivent celles des réquisitions. La Belle Époque est marquée en Essonne par une contestation sociale de grande ampleur. Le prolétariat s'organise. Les grandes grèves de Draveil, Vigneux ou Athis-Mons mobilisent des milliers d'ouvriers.

D'autres manifestations ont lieu, moins contestataires. L'heure est au rêve d'Icare. En Essonne, on croit dans l'avenir de l'aviation. Des aérodromes apparaissent ici et là comme ceux de Viry-Châtillon et Étampes-Mondésir, rassemblant toujours plus d'amateurs et de curieux.
 

Le XXe siècle : la modernité

Le XXe siècle est pour l'Essonne celui de l'affirmation, du développement et du dynamisme. Et ce, malgré deux conflits mondiaux. Alors que la Grande Guerre ampute notre département d'une classe d'âge jeune et dynamique, le deuxième conflit mondial le place une nouvelle fois au cœur de la tourmente.

Les conséquences de l'exode, des bombardements et de l'occupation allemande sont lourdes pour notre département. Mais le dynamisme déjà présent dans les nombreux mouvements de résistance essonnien, va s'exprimer avec vigueur dans l'après-guerre.

Dans les années 60, le temps s'accélère. Les zones pavillonnaires et les équipements publics apparus dans l'Entre-Deux-Guerres se multiplient. L'heure est à l'explosion urbaine. Les phénomènes de péri urbanisation donnent naissance à de grands ensembles comme ceux de Massy et Grigny et des villes-nouvelles comme Evry.

Devant une telle pression démographique, et pour faciliter l'organisation du territoire, le département de Seine-et-Oise disparaît le 10 juillet 1964. Il donne naissance au département que nous connaissons aujourd'hui, l'Essonne.

C'est à partir de cette date que le département va réellement construire son identité et se développer très rapidement. De nombreux chantiers concernant de nouvelles villes (Les Ulis), ou des aménagements (le quartier de la Grande Borne à Grigny) sont lancés. En 1965, Évry devient préfecture, et la SNECMA est construite à Corbeil-Évry. 1968 voit l'ouverture de la maison d'arrêt de Fleury-Mérogis, la plus grande du monde à cette époque. La popularité essonnienne grandit, et de nombreux franciliens décident de s'installer dans le département. Ce phénomène incite les autorités à lancer une politique d'urbanisation massive, et le projet de ville nouvelle voit le jour : Evry sera la capitale du sud parisien.