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Les grenouilles sentinelles de Watchfrog

Publiée le : , dernière mise à jour : 09.05.2017

Au Genopole, à Evry, Watchfrog est une entreprise innovante qui propose de mesurer la dangerosité des perturbateurs hormonaux sur les organismes vivants. Elle s’appuie pour cela sur des larves de grenouilles qu’elle transforme en sentinelles de l’environnement et de la santé. Rencontre avec Gregory Lemkine, fondateur et PDG de Watchfrog.

 

Quel est le créneau de Watchfrog ?

Nous proposons à nos clients d’évaluer de manière objective le potentiel hormonal des produits qu’ils fabriquent ou utilisent. En d’autres termes, dérèglent-ils l’équilibre hormonal à l’origine de nombreuses fonctions essentielles des organismes vivants (développement du système nerveux, de l’appareil reproducteur…), et si oui, avec quel niveau de dangerosité ? Nous leur permettons de se positionner par rapport à la définition européenne des perturbateurs endocriniens : une molécule impliquant un déséquilibre hormonal suivi d’effets délétères. Nous avons pour cela développé un dispositif simple de bio-surveillance, validé par l’OCDE, labélisé par l’Afnor et basé sur le suivi de bio-marqueurs chez les larves de grenouilles.

Des larves de grenouilles ?!

Oui. La larve de grenouille a la particularité de présenter un système hormonal développé juste après éclosion de l’œuf, alors qu’elle ne mesure que 2 à 3 mm. À ce stade, elle n’est pas considérée comme un animal de laboratoire, ni réglementairement ni éthiquement. Par ailleurs, de nombreux organismes, dont l’Homme, partagent son système endocrinien - ce sont par exemple les mêmes hormones thyroïdiennes qui permettront au têtard de se muer en grenouille et au bébé de développer son cerveau– et une ponte donne entre 500 et 4000 œufs, soit autant de tests disponibles. La larve de grenouilles, ici le xénope, est le candidat idéal pour nous (voir notre animation).

 

Dans quel contexte avez-vous développé Watchfrog ?

Ce sont les industriels qui sont venus nous chercher, Barbara Demeneix* et moi, lorsque nous travaillions ensemble au Muséum national d’histoire naturelle (MNHN). C’était au début des années 2000. Ils souhaitaient anticiper la réglementation européenne à venir sur les perturbateurs hormonaux et ont sollicité notre expertise. La technologie dont nous disposions au laboratoire répondait à leur demande. Il fallait toutefois la sortir du MNHN pour toucher un maximum d’entre eux, les aider à prendre conscience de l’impact environnemental et sanitaire des perturbateurs endocriniens mais aussi à mieux adapter leurs pratiques. En 2005 Watchfrog était née. Aujourd’hui la réglementation européenne est encore floue mais le besoin de mesurer les effets des produits est très prégnant. Notre activité est en plein essor.


Pourquoi avoir choisi de vous implanter au Genopole ?

Pour son écosystème ! Lors de la création de Watchfrog, le Genopole soutenait le développement de la toxicogénomique environnementale (l’identification des gènes affectés par l’exposition des cellules à un produit chimique). En nous hébergeant et en nous confiant la gestion d’une plateforme d’expérimentation basée sur les poissons et les amphibiens, il nous a placés au cœur d’un réseau de partenaires académiques et d’entreprises innovantes qui nous comprenaient. Ils étaient les sherpas dont nous avions besoin pour nous développer. Nos dispositifs ont ainsi trouvé leur place au centre hospitalier sud francilien pour tester les eaux rejetées par l’hôpital ou sur des territoires pilotes comme Evry et Corbeil-Essonnes pour la qualité de leur eau potable.

*Barbara Demeneix est cofondatrice de Watchfrog et endocrinologue au laboratoire Évolution des régulations endocriniennes du MNHN

 

En complément

Aussi sur le web

http://www.watchfrog.fr/